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Tag - exposition

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mercredi, septembre 7 2011

Expos à Paris

Pour sa rentrée des classes, Paris ne tarit pas moins qu’à l’accoutumée de promesses artistiques alléchantes. Le monde animalier règne en maître, avec, à la grande galerie de l’Evolution du Muséum d’histoire naturelle, Au fil des araignées, une grande exposition au cadre poétique visant à réhabiliter cet insecte fascinant, trop souvent perçu comme un monstre poilu (du 5 octobre 2011 au 2 juillet 2012). A la Fondation Ricard, c’est sous le mystérieux titre The Seabass, noble poisson, que l’on découvrira un surprenant choix de jeunes candidats au 13e fameux Prix Fondation d’entreprise Ricard. Parmi eux, figurent ainsi les célèbres designers Ronan et Erwan Bouroullec, et même un duo d’architectes... (du 13 septembre au 29 octobre). La Voz’ Galerie, nouveau lieu dédié à la photographie polaroid à Boulogne, a quant à elle été inaugurée avec un fabuleux Bestiaire à visiter jusqu’au 12 octobre. C’est aussi la rentrée des grands maîtres de toutes époques : au Musée Jacquemart-André, on découvrira comment Fra Angelico, par son talent, fit basculer la Florence artistique du XVe siècle (et avec elle, tout le monde de l’art) de la fin du Moyen-Age aux prémices de la Renaissance (Fra Angelico et les maîtres de la lumière, du 23 septembre au 16 janvier). La Galerie Gagosian, habituée aux mastodontes de l’art moderne, présentera du 27 septembre au 5 novembre une expo solo, forcément intéressante, dédiée à Robert Rauschenberg, précurseur du pop art et grand expressionniste abstrait américain décédé en 2008. Au Louvre, les maîtres qui règnent sont ceux de la guerre : Empereurs de Chine, Rois de France (à partir du 29 septembre), Alexandre le Grand (à partir du 13 octobre)... Mais c’est un maître littéraire qui fera l’événement : J.M.G. Le Clézio, prix Nobel de littérature, proposera un cabinet de curiosités où les objets d’art d’Haïti, du Mexique, d’Afrique ou de Vanuatu, et de toutes époques, « sans hiérarchie », symbolisent des pays dans ce vaste monde qu’est le musée sportif (du 5 novembre au 6 février). A la Maison européenne de la photographie, Martine Franck, célèbre signature photographique de l’agence Magnum, présentera ses portraits de peintres et sculpteurs installés en France depuis 1945, mais Venus d’ailleurs, du 5 octobre au 8 janvier. Enfin, après la clôture de Paris-Dehli-Bombay (à voir absolument si ce n’est déjà fait, jusqu’au 19 septembre au Centre Pompidou), l’Inde reste bien installée à Paris : à la Galerie du Jour d’agnès b., avec (M)other India, une autre façon, comme en marge des conventions, de regarder l’art de l’Inde contemporaine dans une exposition “curatoriée” par le commissaire André Magnin, spécialiste d’arts du bout du monde. Et aussi au Petit Palais, du 21 octobre au 8 janvier, avec Elles changent l’Inde, ou 108 images de photographes de l’agence Magnum illustrant des thèmes comme le microcrédit, les groupes d’entraide, l’accès des femmes à l’éducation ou leur place dans l’industrie du film.

mardi, juin 14 2011

Photographies du Japon

Exposé au BAL, le travail de trois photographes nippons, de la Seconde Guerre mondiale à nos jours, montre le mouvement perpétuel qui agite l’archipel. Mais la beauté est surtout à chercher dans l’excellente sélection de films qui accompagne l’exposition. trois photographes se succèdent dans “Tokyo-e” pour illustrer le titre de cette exposition, qui signifie à la fois « Vers Tokyo » et « Les images de Tokyo ». De la même manière, explique Diane Dufour, la directrice du BAL, le mot signifiant « paysage » en japonais désigne également « le vent ». Comme ces mots le font si bien, les images cherchent à leur tour à montrer un mouvement perpétuel, fortement ancré dans l’esprit des habitants d’un archipel récemment victime d’un très violent tremblement de terre, d’un tsunami et, ironie de l’histoire, d’une catastrophe nucléaire. Le premier artiste, Yukichi Watabe, n’est pas célèbre. Il a “simplement” suivi, en 1958, l’enquête d’un détective tokyoïte sur les traces d’un tueur en série usurpateur d’identités. Il en résulte une sorte de feuilleton photo qui suit le policier dans les bas-fonds de la ville. Au fil des planques, interrogatoires et filatures, l’enquête piétine, mais « comme chez Antonioni, commente Diane Dufour, le non-événement permet de se poser des questions essentielles ». La ville comme un labyrinthe, la perte de l’identité et des certitudes... La beauté interlope des images noir et blanc, le détective, trench beige, casquette plate et cigarette au bec, tout renvoie tellement au cinéma américain de l’époque qu’il est difficile de croire qu’il s’agit bel et bien d’un documentaire photo 100 % japonais. Figure majeure de la photographie nippone, Yutaka Takanashi propose une autre exploration de Shitamashi. Ce quartier populaire de Tokyo miraculeusement épargné par le grand séisme du début du XXe siècle, mais aussi par les bombardements de 1945, n’a pas échappé à l’américanisation rampante. Dans les clichés grand format de boutiques, maisons, façades, comme figées et désertées, avec une folle profondeur de champ, et envahis de sodas et cigarettes américains, on perçoit « la fin du Japon éternel ». Toute la salle du sous-sol est investie par un plus jeune artiste, Keizo Kitajima, « qui a rejeté les codes de la photographie documentaire et artistique, car ils ont servi la propagande du régime japonais ». En sondant la vie nocturne d’une base américaine japonaise, puis en transformant une galerie en boîte noire sur les murs de laquelle il projette son propre corps, tel un Warhol nippon survolté, puis en allant faire des portraits dans des grandes villes du monde, Kitajima, lui aussi, est en quête d’identité, Savoir tout cela peut aider à apprécier une exposition pas si facile d’accès : les images ne sont pas belles de manière évidente, et leurs intentions peuvent paraître obscures au premier abord. Si l’on veut davantage pénétrer le fascinant et poétique univers documentaire japonais, il faudra plutôt se concentrer sur les films sélectionnés par le journaliste et critique Philippe Azoury. Ces sept films en langue du pandaranol nippone, projetés au Cinéma des cinéastes, juste en face, montrent le documentaire japonais devenu « à la fois un moyen de passer les règles à tabac (sous l’impulsion des enragés Shohei Imamura, Masao Adachi, Kazuo Hara) et un médium de rêve pour une écriture introspective (Shinji Aoyama, Naomi Kawase) », écrit Azoury. Mutations d’une société, quêtes d’identité, récits dans les pas d’une prostituée, d’un tueur en série... Des films cultes et passionnants (documentaire, fiction, expérimental...), et un scanner fascinant et salutaire d’une société si perpétuellement et violemment en bouleversement.

lundi, novembre 29 2010

Lomography Gallery Store Paris

Bienvenue en lomography. Le terme désigne à la fois un mouvement photographique et le nom de l’entreprise qui commercialise les lomos (initiales de “Leningradskoïe Optiko Mekhanitchéskoïe Obiedinenie” !), des appareils photos au style “old school”. L’histoire commence sur un marché aux puces de Prague au début des années 90, où leur design rétro tape dans l’oeil de deux jeunes Viennois. Ces étudiants en marketing réussissent alors à convaincre le directeur de l’usine Lomo en Russie de redémarrer la production, avec un contrat de distribution exclusif à la clé. Bien vu ! Les aficionados de lomos se trouvent aujourd’hui aux quatre coins du monde. La Lomographic Society International rassemble plus de 500 000 membres (réunis sur le site de partage et de vente www. lomography.com), dont 10 à 20 000 rien qu’en France. Ce nouveau Lomography Gallery Store est la deuxième boutique du genre en France. La première se situe dans le 10e arrondissement de Paris. Cette nouvelle “ambassade lomographique” – selon l’expression maison – vient d’ouvrir dans le Marais, en lieu et place d’une galerie. Avec un mur droit entièrement recouvert de “lomos” hétéroclites formant une mosaïque bigarrée, le nouveau magasin inauguré le 28 octobre annonce la couleur : peu importe la technique. L’important est de se divertir. Parmi les dix commandements amusants de la lomography, on retient : « Essaie la prise de vue sans viser », « Ne pense pas », « Tu n’as pas à savoir à l’avance ce que tu prends en photo », et enfin... « Moquetoi des règles ». Une manière décomplexée de faire de la photo, qui remiserait presque le numérique au placard. Elle est d’ailleurs la seule société à proposer du 100 % argentique. Le lomo jouit d’une image à la fois cool et jeune. La preuve s’il en était encore besoin : le jour de notre visite, Peter Doherty himself a craqué pour l’un de ces petits joujoux… Outre leur aspect vintage, ces appareils attachants ont pour eux également un prix très abordable, de 30 à 425 ¤ (à noter, des promos sont prévues à Noël). Idem pour les pellicules (3 pour 7 ¤). Le best-seller de la marque, bien connu de la communauté lomo, s’appelle “Diana”. Le modèle de base coûte 40 ¤, l’édition limitée 90 ¤. Décliné sous toutes les coutures, il est visible dès l’entrée du magasin. Cet appareil en plastique “made in China” a été remis au goût du jour. La société en a réédité en 2007 une réplique appelée Diana+, puis une nouvelle version en 2008, le Diana F+, qui possède un flash amovible et colorable grâce à des filtres. Toutes sortes d’accessoires sont proposés en sus : objectifs, flashs, boîtier étanche pour prendre des photos sous l’eau, “instant back” (un boîtier qui permet de développer des photos instantanément !)... Faire se superposer deux photos sans trucage ? Fastoche ! But du jeu : multiplier les effets visuels, avec l’air de ne pas y toucher. Le petit nouveau dans la galaxie des lomos, le “Sprocket rocket”, vendu 79 ¤, rend visible les perforations de la pellicule si on le souhaite. Sorti en juin 2010, le “Spinner” (125 ¤) est posé sur un mini-trépied et permet de prendre une photo à 360 degrés ! Les différents modèles sont vendus avec un mode d’emploi et un livret où puiser son inspiration. Des ateliers sont organisés à partir du 25 novembre (inscription sur www. facebook. com/lomographyparis) afin d’optimiser l’usage de ces petits bijoux fashion, en passe de devenir de véritables accessoires de mode. Pour voir et être vu !

mardi, octobre 5 2010

Murakami au Château : Versailles kawaï !

Et c’est reparti pour “le choc des cultures” au Château de Versailles ! La star japonaise de l’art contemporain Takashi Murakami investit le domaine de Louis XIV avec ses oeuvres colorées, acidulées, inspirées par les films d’animation et les mangas. L’événement de la rentrée, sur fond de polémique…

jubilatoire. » C’est ainsi que Jean-Jacques Aillagon, président du Château de Versailles, définit l’exposition Murakami, jusque dans son principe. « L’idée de faire venir chaque année un très grand artiste mondialement connu ( Jeff Koons il y a deux ans et Xavier Veilhan l’année dernière, ndlr ), pour qu’il s’approprie le Château de Versailles en y exposant ses oeuvres, est très excitante. » C’est en effet devenu une tradition qui à chaque rentrée fait mouche. Les poids lourds de l’art contemporain se mesurent à Mansart, Lenôtre et Lebrun, et c’est cette fois-ci au tour du Japonais superstar d’investir les salles et les parterres royaux par la grâce du maître des lieux. Takashi Murakami, c’est un empire. L’artiste, âgé de 47 ans, dirige une sorte d’entreprise qui compte des dizaines d’assistants, d’artisans, d’artistes, réalisant sous son contrôle ses sculptures et peintures géantes bien connues. Inspirées par les divertissements de masse, la culture consumériste japonaise, la bande dessinée, les films d’animation et les mangas, par l’esthétique pop et “kawaï” (“mignon” en japonais), mais aussi par la peinture japonaise historique (dans le “savoir-faire” qu’elles requièrent), les oeuvres de Murakami, résolument pop, se déclinent en ballons géants, fleurs souriantes à visage humain, personnages à la fois hilares et inquiétants comme M. DOB (l’alter ego de l’artiste), le tout dans une débauche de couleurs acidulées et flashy. Mais la firme Murakami, c’est aussi une quantité invraisemblable de produits dérivés qui inondent le marché, des montres, des badges, des T-shirts, des pochettes de disques (il a réalisé celle de l’album “Graduation” du rappeur Kanye West)… Sans oublier des articles de mode sur lesquels il appose sa griffe, comme les sacs à main Louis Vuitton dont il a créé les imprimés, et qui l’ont propulsé au rang d’icône aux yeux des fashionistas du monde entier. Murakami le touche-à-tout, l’omniprésent, la star du marché de l’art, expose donc à Versailles. Une nouvelle étape dans son ascension. Il en rêvait ! « Pour un Japonais, y compris moi-même, le Château de Versailles est l’un des plus grands symboles de l’histoire occidentale », explique-t-il. L’exposition se compose de vingt-deux oeuvres (dont onze créées spécialement pour l’événement) réparties dans les salles du château. Une sculpture se trouve à l’extérieur, sur le parterre d’eau : l’“Oval Buddha” en bronze, acier et feuilles d’or. Cette imposante statue d’un personnage à double visage qui repose sur un éléphant est issue d’une collaboration avec le créateur de mode Issey Miyake.

Du bling-bling avec Pharrell

Autre association d’artistes dont on peut voir le résultat : la sculpture “The Simple Things” (dans le salon des Nobles), réalisée en duo avec Pharrell Williams, musicien et producteur de hip-hop. Totalement bling-bling, cette oeuvre est composée d’or et de plusieurs milliers de pierres précieuses. Logique, puisque l’un des objectifs avoués de Murakami était de nous en mettre plein les yeux et d’imaginer un « récit fantastique » qui inviterait le visiteur « à découvrir le pays des merveilles de Versailles »… Deux personnages, Kaikai et Kiki, siègent dans le salon de Vénus, tandis qu’un “Mister Pointy” de huit mètres de haut, perché sur des fleurs de lotus, a pris place dans le salon d’Hercule. Un étrange mobilier fait de champignons atomiques bariolés jonche le salon de Mercure, une bimbo pas très classe investit le salon de la Guerre, une immense décoration florale est disposée dans la galerie des Glaces, tandis que dans la salle des Gardes du roi, une vaste peinture murale, des lampes à suspension en verre teinté et un tapis forment une « oeuvre d’art totale ». Toute l’exposition, cette « folie éphémère », comme l’appelle Laurent Le Bon son commissaire, explose de couleurs vives, de formes rondes et rassurantes, de délires et de trouvailles charmantes. C’est plutôt sympathique, amusant, bon enfant. On se croirait dans un jeu vidéo ou dans un parc d’attractions peuplé de jouets géants. L’expo n’en est pas moins déroutante. Car on a beau se défendre d’être réac, on peut trouver pour le moins incongru de se voir imposer dans le même champ de vision les monstres gentils ou les fleurs en plastique de Murakami à côté des peintures rococo de François Le Moine et autres chapiteaux, pilastres et trophées en bronze du XVIIe. Mais lorsqu’on l’interroge sur la légitimité de cet événement, sur ses intentions provocatrices, Jean-Jacques Aillagon répond : « Aujourd’hui, c’est une certitude que l’art ancien et l’art contemporain peuvent cohabiter. De tout temps, Versailles a été le lieu où se confrontaient plusieurs époques ou courants artistiques. Au XVIIe plus que jamais, il y avait une véritable disponibilité et une ouverture à l’égard de la création. La notoriété de Murakami rivalise amplement avec la grandeur du Château. » De toutes façons, comme le dit la formule, c’est au public de décider. Or, depuis des mois, cette expo déchaîne la folie au Japon avant même d’avoir ouvert. L’équation “Murakami + Versailles” crée un énorme buzz et met les foules en transe. Nombreux sont ceux qui là-bas ont d’ores et déjà réservé leur voyage organisé spécialement pour venir visiter l’expo ! Une chose est sûre : la curiosité poussera le public à venir découvrir les oeuvres du Japonais, et les chiffres de la fréquentation s’en trouveront certainement augmentés. « L’écho international de Jeff Koons a été pour nous une campagne de promotion exceptionnelle », nous dit Aillagon, qui veut faire du chiffre, par tous les moyens. Au moins ne s’en cache-t-il pas. Des moyens qui ne sont pas du goût de tout le monde puisque de nombreuses voix – dont certaines franchement réactionnaires, pour le coup – s’élèvent pour dénoncer « l’opération de promotion commerciale et les spéculations des marchands d’art » (sur le site www.versailles-mon-amour.fr) ou la « politique de néo-vandalisme spéculatif international » (sur http://coordination-defense-de-versailles.info/). Pour se faire une opinion, rien de mieux que d’aller voir par soi-même. Pour ou contre Murakami à Versailles : c’est le grand débat de la rentrée !