La culture en musique

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lundi, juillet 4 2011

Black Eyed Peas au stade de France

Les Black Eyed Peas viennent de remplir trois Stade de France avant Prince au stade de France. Pour chaque date, les places sont parties en 40 minutes environ. Pas mal... De quoi s’interroger sur les raisons d’un tel succès. Du coup, nous nous sommes enfermés dans un infernal (mais si joyeux) bus-club avec 50 fans, le temps d’un trajet musical déchaîné entre le centre de Paris et le fameux stade de Saint-Denis. Du sport.

16 h : Les ravissants hôtes et hôtesses, 20 ans maxi, se postent en rang d’oignon devant le bus affrété par Virgin Radio, en arborant fièrement un T-shirt au message enthousiaste : « Tu viens avec moi au Stade de France ? » Ce sont eux qui ont parcouru Paris, distribuant les bulletins de jeu pour faire gagner les trente dernières places du concert des Black Eyed Peas aux auditeurs de la station ; ce sont eux aussi qui vont accueillir les lauréats. Le tirage au sort est en cours, on appelle les gagnants, le suspense est à son comble. 16 h 37 : Arrivée des premiers gagnants. Hurlements de joie (programmée, mais non feinte) des jeunes hôtes(ses). Non moins jeunes, deux garçons s’avancent timidement. Dans l’heure qui suit, 28 autres heureux candidats ayant rarement dépassé la trentaine, mais d’extractions sociales et de provenances géographiques variées, suivront. On croyait qu’il s’agirait d’individus isolés, mais ce sont en fait des groupes de deux ou trois qui ont été appelés. Sans doute une meilleure idée pour mettre de l’ambiance. 17 h : Les gagnants, acclamés par une haie d’honneur, grimpent dans le bus, suivis des 20 hôtes(ses), qui shakent déjà bien leur booty. Un bus qui a donc tout de la boîte de nuit : DJ et sa cabinette, dancefloor, petites banquettes, éclairages festifs, écrans à clips, son de folie. Comme le DJ a déjà envoyé le premier tube du groupe star (I Gotta Feeling, sans surprise) , tous les bras sont en l’air, les plus fofolles des filles chantent les paroles par coeur. Pardon : tout le monde chante par coeur. Dans des bacs, des boissons non alcoolisées. La joie est générale, et donc bien sincère. 17 h 15 : Le bus est parti. Il va lentement traverser les bouchons parisiens pour arriver au Stade de France, où les jeunes fous se déverseront vite vers leur “carré or pelouse”, des places vraiment cool pas trop loin de la scène. Ça s’excite sévère. Sur les Champs-Elysées, les passants rigolent en voyant passer ce bus bruyant, et qui saute presque sur place tellement ça danse dedans. Certains, solidaires, esquissent un pas de danse sur le trottoir. 17 h 23 : Au coeur de la tornade musicale, séduits par l’avalanche de bonne humeur qu’elle provoque, alors que nous ne sommes pas spécialement fans, nous interrogeons le fan. Alors, jeune personne, à ton avis, les Black Eyed Peas, pourquoi ça cartonne autant ? Les réponses pleuvent, organisées, et toutes assez similaires. 17 h 28 : Audrey, douce amatrice, coincée près d’une fenêtre, mais tout sourire, se déclare ainsi à nous « fan de Will.I.Am, que ce soit de ses projets persos ou du groupe. Et pareil pour Fergie. » On apprécie la justesse de son commentaire sur l’opportunité, pour la formation, d’être « passée du hip hop à l’électro : tout le monde aime ça ! » Les BEP (par esprit pratique, nous emploierons désormais cet acronyme pertinent pour désigner le groupe) sont donc mainstream. Bon, ça, ok. 17 h 40 : Ophélie et Jonas kiffent grave : tirés au sort en couple, c’est pas beau la vie ? En plus, ils sont venus spécialement de Marseille pour le concert. « On avait acheté des places, mais on a gagné, et les nouvelles places sont bien meilleures, donc on a donné les nôtres. » Ça se voyait tout de suite qu’ils étaient sympas, ces deux-là. Grosse fan de dancefloor, les bras en l’air en train de chanter, Ophélie s’interrompt pour estimer que « les BEP, ils anticipent toujours ce qui va marcher. » Tu m’étonnes, John. Et ils savent embaucher, par exemple, David Guetta, ce qui leur a réussi. « On l’adore aussi ! » Eh oui, ça va ensemble. 17 h 52 : Charles, étudiant en prépa HEC, et Jonathan, étudiant en pharmacie, respectivement 19 et 20 ans, visages d’anges, sont en train de devenir copains. Ils sont moins expansifs que les poulettes déchaînées au fond du bus, mais trop contents d’être là. Ils ont du Black Eyed Peas plein leurs MP3, et ils trouvent que c’est super à écouter « aussi bien dans les transports qu’en soirée. C’est commercial, mais avec un fond artistique. » Enfin bon, ils n’auraient quand même pas payé leur place : « Pour le même prix, tu as trois jours complets à Solidays ! » Car ils aiment des trucs plus rock et “indie” aussi : Arctic Monkeys, MGMT, les Housse de Racket, et même Cassius ou Memphis Bleek, « du hip hop pas commercial ». Bilan d’étape : le fan BEP est peut-être mainstream, mais pas que. 18 h 12 : On n’a presque pas le coeur à interrompre les “chorés” endiablées d’Elsa, Bérangère et Anne-Sophie, toutes trois étudiantes à l’école du barreau. « J’ai toujours aimé le hip hop, hurle Elsa pour couvrir le sample tarantinien de Pump It. Quand j’ai découvert les BEP, je suis allée fouiller dans leur passé, ils faisaient du hip hop super, mais rien à voir avec maintenant. » Mais bon, elle n’a pas l’air gênée plus que ça par le tour nant commercial du groupe. Bah, oui, c’est « hyper fédérateur », dit Bérangère en pointant le bus entier en train de brailler dans la joie. 18 h 28 : A l’avant du bus, une histoire extraordinaire. Aurélien, lycéen, est arrivé ce matin de Belfort pour voir ses oncles parisiens. Quand Benoît, son tonton de 37, ans lui avait textoté « Qu’est-ce qui te ferait plaisir pendant son séjour ? », il avait répondu : « Le concert des Black Eyed Peas ! », parce qu’il est gros fan : « Ils produisent bien. » David Guetta est son modèle, il veut devenir DJ. Mais bon, plus de tickets en vente ; alors ils jouent, et gagnent ! Aurélien ne danse pas, il se réserve pour plus tard. On sent que ça va bouger. Ses tontons avouent préférer les chanteurs français qu’on entend sur Nostalgie ou même le classique et le jazz, mais bon, les BEP pourquoi pas, sourientils en scandant Boom Boom Pow de la tête. 18 h 40 : Il faut que Maryline, Flora et Nedal, 18 ans, se calment : elles vont exploser d’excitation. Grosses ambianceuses, les “kidzettes” confient, sans arrêter leur danse boostée au beat de Shut Up, être grosses fans d’Usher et Beyoncé. Pas non plus du pointu, mais du moment que ça bouge. On sent que c’est, dans leur cas, la priorité. 19 h 03 : On a bien parlé (sur fond permanent de BEP puis, une fois les tubes épuisés, sur leurs petits et grand collègues commerciaux des dancefloors). C’est intéressant, ce que disent ces fans. On remarque que chacun, même ceux qui ont des goûts par ailleurs sagement pointus, a ses raisons d’aimer les Black Eyed Peas et que personne n’est dérangé par le virage ultra-commercial négocié par le groupe depuis quelques albums. Ils sont peu à avoir connu les BEP à leur époque hip hop puriste, avant Fergie. Maintenant, les vocoders et autres beats mixtes ratissent large. Et le mainstream, ça peut épuiser, à voir les cinquante kids et leurs aînés se reposer sur les banquettes avant la grande arrivée. 19 h 25 : On est à Saint Denis ! On descend du bus, laissant les fans, impatients, fous d’enthousiasme et d’excitation, courir vers le Stade de France. Il y aura de la musique, du show, et des larmes. Peut-être pas un grand moment d’humanité, mais quelque chose de « fédérateur », comme ils disent, quelques heures efficaces et joyeuses. Pourquoi pas ?

mardi, février 22 2011

Salles de concert à Paris

En matière de programmation musicale, Paris n’a pas le monopole du bon goût ni celui des événements. A quelques minutes de la capitale, une vingtaine de scènes de “musiques actuelles” accueillent toute l’année les musiciens qui font – ou feront – l’actu rock, pop, électro, etc. Voici la seconde partie de notre tournée des lieux parmi les plus actifs de l’Ile-de-France.

La Clef A Saint-Germain-en-Laye, 46, rue de Mareil. RER A, arrêt Saint-Germain-en-Laye. Questions à Grégory Marquois, programmateur. Le lieu en quelques mots : Depuis 1984, La Clef propose environ quatre-vingts spectacles par an et une cinquantaine d’activités hebdomadaires (musique, théâtre, danse, etc.). Très axé sur les musiques actuelles et amplifiées, le lieu est un pôle culturel, artistique et éducatif ouvert à toutes les expressions ; il favorise la rencontre entre les publics et les artistes. Capacité maxi : Deux salles de 530 et 220 places. Styles musicaux programmés : Rock, reggae, pop, chanson, metal, électro, etc. Meilleur souvenir : Impossible de choisir entre l’un des premiers concerts donnés par la Mano Negra, une prestation d’Urban Dance Squad, et plus récemment un finale lors duquel The Bellrays et The Fleshtones ont joué ensemble devant un public médusé ! Les “plus” du lieu : Un lieu de vie convivial et pluridisciplinaire, un pôle d’informations, avec un parc à proximité. Prix des places : De 0 à 15 ¤. Trois événements avant fin mars : Fred Pallem et Le Sacre du Tympan (12 mars) ; Sarah Schiralli (18 mars) ; Deportivo + Quadricolor (26 mars).

La Batterie A Guyancourt, 1, rue de la Redoute. RER C, arrêt Saint-Quentinen- Yvelines. Questions à Marylène Magnaud, chargée de communication. Le lieu en quelques mots : C’est une sorte de ruche musicale – salles de diffusion, studios de répétition, école de musique, café, etc. – où amateurs et stars du rock se croisent. Un pôle de ressources à la disposition de tous les musiciens. Capacité maxi : 600 places et 200 places (auditorium). Styles musicaux programmés : Tous ! Meilleur souvenir : Parmi les plus récents, Maceo Parker, Eiffel et Beat Assailant. Les “plus” du lieu : Les découvertes, la proximité entre public et artistes, des vedettes en résidence. Prix des places : De 4,50 à 18 ¤. Trois événements avant fin mars : Twin Twin (le 5 mars) ; Henry McCullough (17 mars) ; CharlElie (30 mars).

Le Forum A Vauréal, bd de l’Oise. RER A, arrêt Cergy-le-Haut. Questions à Aurélie Vanden Born, chargée de communication. Le lieu en quelques mots : A travers cinquante concerts et cent vingt jours de résidence, le Forum – créé il y a quinze ans – accueille quinze mille spectateurs par saison. Lieu de diffusion, de création, de répétition, d’enregistrement, de formation et d’exposition, le Forum a déjà programmé des musiciens aussi divers que Moriarty, Pony Pony Run Run, Emily Loizeau, Lofofora, BB Brunes ou Nouvelle Vague. Capacité maxi : 500 places. Styles musicaux programmés : Rock, chanson, reggae, dub, metal, hard rock, folk, pop, électro, etc. Meilleur souvenir : De façon générale, nous sommes très heureux d’avoir pu accueillir des artistes à leurs débuts et les voir évoluer, s’épanouir. Notamment Coeur de Pirate, Izia, Renan Luce, Carmen Maria Vega ou Ben l’Oncle Soul. Les “plus” du lieu : L’accueil, la convivialité, la proximité avec les artistes, le bar dans la salle, des prix accessibles. Prix des places : De 0 à 18 ¤. Trois événements avant fin mars : Les Fatals Picards (4 mars) ; Empyr (12 mars) ; Puggy (26 mars).

Le Plan A Ris-Orangis, 1, rue Rory Gallagher. RER D, arrêt Orangis-Bois-de-l’Epine. Questions à Louis Teles, programmateur. Le lieu en quelques mots : Actif depuis plus de vingt-cinq ans, Le Plan est devenu un lieu de concerts incontournable en Ile-de-France. En plus de la diffusion, la salle développe des activités tels l’accompagnement d’artistes, des actions culturelles, des résidences et un restaurant d’insertion par l’activité économique. Capacité maxi : 600 places. Styles musicaux programmés : Rock, pop, blues, soul, rap, reggae, électro. Meilleur souvenir : Le plus récent des meilleurs souvenirs, c’est Bonobo, un artiste du label Ninja Tune, en décembre dernier. Les “plus” du lieu : La convivialité et la qualité acoustique. Prix des places : De 10 à 25 ¤. Trois événements avant fin mars : Lilly Wood & The Prick (12 mars) ; Fumuj (18 mars) ; Nouvelle Vague (20 mars).

Le Tamanoir A Gennevilliers, 31-33, bd Jean-Jacques Rousseau. M° Courtilles. Questions à Nathalie Neels, chargée de communication. Le lieu en quelques mots : Une saison au Tamanoir, c’est une quarantaine de concerts – très éclectiques – où se produisent professionnels et amateurs dans le cadre de tournées, de tremplins ou de festivals : Chorus des Hauts-de-Seine, Träce, Tamacore, etc. Le lieu, qui a aussi une programmation pour les enfants, participe activement à la structuration des réseaux de musiques amplifiées : Réseau 92, RIF, Actes- If, la Fédurok. Capacité maxi : 240 places. Styles musicaux programmés : Rock, hip hop, chanson, jazz, musiques du monde. Meilleur souvenir : Voir le public ravi par la proximité et la convivialité qui s’instaurent avec les artistes – phénomène de plus en plus rares – est un bonheur permanent. Les “plus” du lieu : A dix minutes de Paris, un accueil chaleureux, un son exceptionnel et une programmation de qualité pour néophytes, curieux et mélomanes ! Prix des places : De 3 à 10 ¤. Trois événements avant fin mars : Onyx + Micronologie (5 mars) ; Mina Agossi (12 mars) ; The Young Gods (24 mars).

Le Hangar A Ivry-sur-Seine, 3-5, rue Raspail. M° Mairie d’Ivry. Questions à Fabien Bonnassieux, programmateur. Le lieu en quelques mots : Le Hangar cumule deux espaces consacrés à la musique : une salle de concerts (depuis novembre 2007) et un équipement – répétition, enregistrement, formation – dédié aux pratiques musicales, le Tremplin. D’autres expressions – stand-up, théâtre, vidéo, etc. – y trouvent aussi un écho. Capacité maxi : 300 places. Styles musicaux programmés : Rock, chanson, musiques du monde, etc. Meilleur souvenir : L’ouverture du lieu avec Mouss et Hakim de Zebda, et plus récemment The Congos, de vraies légendes du reggae. Le “plus” du lieu : Le Tremplin ! La véritable colonne vertébrale historique du projet (mille concerts depuis 1988), aujourd’hui dédiée à l’accompagnement des pratiques. Prix des places : De 5 à 12 ¤. Trois événements avant fin mars : La Rumeur (4 mars) ; Mountain Men (5 mars) ; Maxxo + De La Cruz (11 mars).

lundi, janvier 10 2011

Salles de concert à Paris

Kevin Douvillez coprogramme le fameux festival des Francofolies. Pour trouver les 120 meilleurs artistes français ou francophones de l’année, il lui faut tout voir et entendre. A travers ses salles parisiennes préférées, ce Breton pure souche évoque sa vision du métier, de la création, de la politique culturelle et de la chanson française.

L’International, café-concert « J’y suis souvent. C’est le genre de lieux qui devraient se développer dans Paris. Un principe d’entrée gratuite, avec deux ou trois concerts par soir, c’est un vrai laboratoire pour jeunes artistes, où j’ai fait des découvertes, ou des confirmations de gens que je suivais depuis un certain temps, comme Zaz, en novembre 2009. Je la voyais pour la première fois sur scène. Ce n’était pas un spectacle optimal, mais sa fraîcheur, sa bonne humeur éclataient. J’ai aussi, là bas, récemment vu Rover, qui va faire le “chantier des Francos” (suivi et sessions de travail accompagné pour des artistes émergents. Parmi les participants depuis 1998 : Cali, Emily Loizeau, Ours ou Pauline Croze ndlr). C’est un grand gaillard d’1,95 m, qui fait une musique à la Bowie, très aérienne. Pour eux, ce lieu n’est pas un aboutissement, mais un terrain pour se faire connaître et tester des choses. Là, Rover se testait seul, sans son groupe, ce qui me l’a rendu d’autant plus touchant. Le défaut du lieu, c’est évidemment le bruit, les gens viennent autant pour la musique que pour boire un verre, mais c’est le jeu, et c’est l’un des endroits où les espaces sont le mieux séparés. Pourquoi le rock anglo-saxon est-il bon ? Parce qu’il existe là-bas une multitude de lieux de ce genre, pour s’affiner, jouer encore et encore, développer un vrai live. L’International est l’un de ceux qui réussissent le mieux à Paris, avec une programmation large d’esprit et de style, dans de bonnes conditions avec un public fidèle, ce qui garantit aux artistes de jouer devant un salle pleine. » 5/7 rue Moret, 11e. Tél. : 01 49 29 76 45. Ouvert tous les jours de 17 h à 2 h, happy hour jusqu’à 21 h. Infos et programmation : www.linternational.fr.

La Loge Théâtre « Une petite salle très mignonette, avec environ 80 places assises, mais c’est une vraie salle de spectacle, avec une belle scène version mini. Je n’y vais pas souvent, mais je suis la programmation. Ils ont une super ligne éditoriale, un mélange de variété, de spectacle, d’humour. Il y a une grande délicatesse dans les choix, avec aussi une vraie prise de risques. Par exemple, cette année, on y a vu GieDré, de la chanson humoristique vraiment très caustique, ou Mariscal, un artiste quelque part à la croisée des chemins entre Dominique A. et Fredo Viola, qui a fait le chantier des Francos. Il n’est pas évident à présenter, parce que sa musique n’est pas assez commerciale pour être une priorité pour l’industrie du disque. L’entrée est payante mais avec de petits tarifs. Je crois que l’équipe est très accompagnante dans les relations avec les artistes. Ce n’est pas juste de la location de salle, ils essaient de faire en sorte que tout le monde y trouve son compte dans une économie pourtant précaire. » 77, rue de Charonne, 11e. Tél. 01 40 09 70 40. Infos et programmation : www.lalogeparis.fr

La Maroquinerie « Cette salle me plaît, elle a toujours eu une belle ligne éditoriale. Ça fonctionne en deux temps : une programmation propre et de la location de salle, mais choisie, en accord avec la ligne choisie. J’aime à la fois la programmation et l’ambiance globale. La configuration n’est pas optimum, avec des poteaux qui peuvent gêner la vue, et quand il y a du monde, on a vite chaud. Mais c’est largement rattrapé par l’ambiance générale, le restaurant où tout est super bon, et qui est tenu par des personnes très sympas qui insufflent un bon esprit. Beaucoup de gens du métier fréquentent l’endroit parce que leurs bureaux sont dans l’immeuble. C’est un lieu de création, siège d’une véritable ébullition culturelle, d’échange, de connaissance, de partage et de fête. » 23, rue Boyer, 20e. Tél. : 01 40 33 35 05. Restaurant : tous les jours de 19 h 30 à 23 h 30, réservation au 01 40 33 64 85. Programmation et menu sur www.lamaroquinerie.fr.

La Cigale et la Boule Noire « Pour un artiste, jouer à la Cigale n’est pas l’ultime consécration, mais cela signifie que le projet marche, qu’il est en bon chemin. J’aime beaucoup y voir des concerts : c’est pour moi l’une des plus belles salles, parce que le rapport scène-salle est presque idéal. On voit bien de partout, c’est un théâtre à l’ancienne avec son cadre rouge, mais qui peut quand même accueillir du rock, même l’électro fonctionne, dans un lieu qui a un vrai cachet parisien, et moi qui viens de province, j’y suis très sensible. La salle est couplée avec la Boule Noire, juste en dessous, gérée par la même équipe. C’est une salle de soussol, avec du parquet, chargée d’histoire, puisque c’est là que s’est déroulé le fait divers dont s’inspire le film Casque d’or. Si je fais ce métier, si je prends tant de plaisir à mes déambulations nocturnes, c’est parce que j’ai aimé cette histoire de Paris la Nuit, avec toutes ses différentes époques : Montmartre à la fin du XIXe avec l’apparition du Moulin Rouge et du french cancan, l’ébullition de Pigalle, avec le peuple qui a enfin la possibilité de sortir et qui va dans les bals… Puis c’est le Montparnasse des années 1910 à 20, une émulation culturelle, les artistes qui se retrouvent dans les troquets et la chanson française qui balbutie avec Aristide Bruant à Montmartre, puis Saint-Germain-des-Prés, Vian et Gréco, et les années 80, les sorties nocturnes de Gainsbourg, le Palace et les Bains- Douches, qui sont à la fois des lieux de fête et de concerts. Sans forcément participer, j’aime être témoin de la vie nocturne. J’éprouve un plaisir provincial à me retrouver dans ces lieux emblématiques de la nuit. » 120 Boulevard de Rochechouart 18e, Tél 01 49 25 81 75. Infos et programmation www.lacigale.fr, et www.laboule-noire.fr

La Gare aux Gorilles C’est un squat. Il en existait beaucoup à Paris, ils ont malheureusement majoritairement disparu depuis mon arrivée, en 2000. J’étais un habitué de ces lieux : Les Falaises, rue Germain Pilon, où l’on pouvait écouter du “nu-jazz”, de Steve Coleman à Jazzmatazz, et boire des bières pas chères dans un esprit très associatif. Il y avait aussi la Générale, un gros bâtiment désaffecté dans Belleville, qui avait été investi par des ateliers d’artistes, et toutes sortes de concerts. A la Gare au Gorille, on retrouve cet esprit un peu disparu. J’y ai vu un concert dingue du groupe Sexy Sushi, en juillet 2010 : ils avaient demandé à tous les fans d’écrire un poème sur Satan, certains tirés au sort étaient affichés sur le mur, et ils ont fait un concert sur ce thème. Dans l’esprit squat, les boissons ne coûtent presque rien, on peut même apporter la sienne. Ces lieux sont importants : ils sont un tissu culturel et associatif essentiels à la création, il faut qu’ils puissent exister, se développer. » • 1, avenue Corentin Cariou, 19e. M° Corentin Cariou. Programmation sur www.myspace.com/lagareauxgorilles.

mercredi, juillet 14 2010

Les concerts de plein air

Comme une alternative aux terrasses du quartier Oberkampf, le Nouveau Casino reste ouvert et propose Colors Music Estival, soit une trentaine de concerts de début juillet à fin août. Pour l’occasion, le club est paré de stickers multicolores et la programmation suit. Musiques du monde, rock, pop, électro agrémentée à toutes les sauces, etc., tous les genres vont jalonner l’été. Il y a des découvertes à faire et quelques retrouvailles dont on se réjouit : Kill The Young, Chris Garneau, Jens Lekman, Smooth, Au Revoir Simone ou Little Barrie. A La Loge, les décibels de juillet iront rarement au-delà de la chanson, de la pop et du folk. Ce premier Summer Of Loge fait en grande partie écho à une nouvelle scène française qui n’a d’oreilles que pour les guitares acoustiques, les mélodies douces et les textes en anglais : Eliote & The Ritournelles, Lafayette Young, Lauter, Watine et Yeepee (entre autres). Certes, le 19 juillet, Albin de la Simone rempile au piano électrique en solo, soit trois jours après June & Jim et quatre avant Lilister : bien qu’en minorité, les chansons en français retentiront aussi à La Loge.

Les vendredi et samedi à partir du 23 juillet, avec le festival Fnac Indétendances, le parvis de l’Hôtel de Ville va vibrer aux sons des scènes françaises. Le panel va de la chanson à textes (dont Camille, Bazbaz et une carte blanche à JP Nataf) à l’électro (avec Chloé), en passant par le hip-hop (Rocé, Casey, Beat Assaillant, etc.) et le rock façon La Maison Tellier, Coming Soon, Boogers ou Gush. Le programme comprend aussi une soirée “spéciale Bretagne”, avec notamment Alan Stivell et Merzhin ! « Quatre escales à travers le monde et les arts », c’est ce que propose pendant quatre week-ends, du 16 juillet au 8 août, le festival Sin Fronteras au Cabaret Sauvage. Le premier arrêt est Cartagena et l’Amérique latine, puis l’événement pluridisciplinaire – musique, ateliers, contes, arts de la rue, bals – se pose à Bamako (Mali), à Sibiu en Transylvanie, et terminus à Marrakech (Maroc). Une occasion rêvée pour être transporté par la nueva cumbia, le rap’n’folk du Mali, le renouveau rock touareg, l’afrobeat, la musique tsigane, le groove des Balkans, le chaâbi ou la transe gnawa... tout en restant à Paris. Egalement très imprégné par les sonorités exotiques, le volet musique de Paris Quartier d’été (toutes les infos sur www.quartierdete.com) investit le Palais-Royal, l’Eglise Saint-Eustache, les Arènes de Montmartre et les parcs et jardins parisiens pour des rendez-vous du 14 juillet au 15 août. Enfin, parmi la dizaine de bonnes raisons de faire un tour à Rock en Seine avant la rentrée, on relève cinq concerts événements – Arcade Fire, Massive Attack, Queens Of The Stone Age, Cypress Hill et Blink 182 – et une séquence émotion : la reformation de Roxy Music, sans Brian Eno... mais, heureusement, avec Bryan Ferry ! Avant ces étoiles qui jouent dans la nuit, les fins d’après-midi vaudront aussi le coup d’oeil ; on songe à des phénomènes tels Beirut, LCD Soudsystem, Eels, Foals, Two Door Cinema Club, The Kooks, etc. Sur le papier, c’est alléchant.

Le souffle de la ville y rugit toute l’année. Dans le halo névralgique de guitares fureteuses. Dans le mouvement poétique de chorégraphies angéliques. Dans un maelström d’images sous influence... Le quartier de la Villette joue sans discontinuer la partition précise des états d’âme artistiques de la capitale. Le coeur généreux des mélomanes, des curieux rêvant d’ailleurs dociles et des amateurs d’expériences qui dérangent parfois mais élèvent toujours... Et de ce côté-ci de Paris, la période estivale est tout sauf une période de repos – forcé. A la Villette cet été, l’art fait ce qui lui plaît et s’accompagne même de cours de cuisine africaine pour bien commencer les journées. Du voyage à l’extase instantanée, on imagine déjà les concerts de Vieux Farka Touré (le 18 juillet), du Jaipur Maharaja Brass Band (le 1er août) ou de Rabih Ab Khalil (le 8 août) comme une promenade hallucinatoire dans les ruelles de Château Rouge, du Passage Brady ou de Belleville. Une carte blanche à Radio Nova le 22 août, avec notamment Bibi Tanga et ses Sélénites, viendra clôturer ces Scènes d’Eté. En attendant les premières flèches soniques du festival Jazz à la Villette à la rentrée...

Les Arènes de Montmartre accueillent la sixième édition d’un festival toujours très plaisant. Six concerts se tiennent sur la Butte, en plein air, au milieu des vieilles pierres. Le 20 juillet, il ouvre sur un groupe de superbes musiciens américains. Le saxophoniste Dave Liebman, qui a joué avec Chick Corea et Miles Davis, et incarne l’intensité du jazz contemporain, croise notamment le guitariste John Abercrombie, belle plume du label allemand ECM, et le pianiste Marc Copland. Le lendemain, c’est à une prestation solitaire et exceptionnelle (il ne se produit plus beaucoup en raison de son âge, 80 ans) de Martial Solal que les organisateurs invitent le public. Moderne, choquant, il a renouvelé le langage du piano avec dissonances, voire chaos, dès la fin des années 1950 (on lui doit la musique du célèbre premier film de Godard, A bout de souffle). La chanteuse Norma Winstone (le 22), le clarinettiste Thomas Savy (le 23), le batteur Christophe Marguet (le 24) constituent le reste des réjouissances qui se termineront, le 25, par trois animateurs du jazz d’avant-garde : l’inévitable clarinettiste Michel Portal, le saxophoniste Louis Sclavis et le batteur Daniel Humair. Pendant la durée du festival, entre 10 h et 13 h, les enfants des centres de loisirs pourront s’inscrire à des ateliers, sous la direction du percussionniste Arnaud Laprêt, et étudier le jazz, l’art de l’improvisation, et dessiner (leurs oeuvres seront remises aux spectateurs au début des concerts).