La culture en musique

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jeudi, septembre 22 2011

Maison close à Paris

Elles ont fermé en France il y a 65 ans, mais elles continuent à intriguer le chaland. Alors que sort cette semaine sur les écrans le film L’Apollonide de Bertrand Bonello, qui dépeint avec précision la vie à l’intérieur d’une maison close à l’aube du XXe siècle, nous sommes partis à travers Paris à la recherche des vestiges de ces lieux mystérieux et insolites, chargés d’histoire et d’histoires. Si les dames de petite vertu déambulent dans les rues depuis que le monde est monde, c’est au Moyen Age que Louis XI, en suspendant la prohibition sur la prostitution, encourage l’ouverture d’établissements spécialisés. Autorisées mais contraintes de calfeutrer leurs fenêtres pour dissimuler ce qui s’y passe, ces maisons – closes, donc – sont signalées par tradition depuis l’antiquité par des lanternes de couleur rouge. Une habitude qui s’est déclinée dans le Paris du XXe siècle sous la forme d’un éclairage rougeâtre ou de numéros de rue plus gros que les autres, dans cette même couleur. Ces lieux tranchent déjà ainsi avec l’architecture sage du voisinage. Tolérées par les préfectures de police qui leur octroyaient leur “tolérance”, ces maisons du même nom étaient au nombre de 195 dans le Paris de la Libération. Des maisons le plus souvent glauques et infâmes, même si quelques luxueuses exceptions étaient considérées comme de véritables palaces. « Les maisons closes haut de gamme étaient souvent les lieux les plus modernes de Paris. Elles ont eu le chauffage et le gramophone parmi les premières, souligne William Pesson, architecte spécialiste de la question. Ces lieux étaient dotés de décors fantastiques, bien sûr souvent liés au fantasme et au rêve, comme la chambre chinoise, la chambre hindoue, la chambre historique. » Ils faisaient la réputation de ces maisons de luxe et témoignent d’une grande richesse artistique, souvent méconnue. Par fois décorées par de grands artistes qui ne signaient pas leurs oeuvres par souci de discrétion, ces chambres étaient de vraies oeuvres d’arts. Preuve en est la chambre japonaise du Chabanais, l’une des plus célèbres maisons de Paris (lire plus loin), qui fut présentée à l’Exposition universelle de 1900, et qui y reçut même un prix. Fermées le 13 avril 1946 par la députée et ex-prostituée Marthe Richard, les maisons closes ont hélas laissé disparaître avec elles leur précieux patrimoine architectural. N’étant plus utilisées, il n’y avait pas de raison pour que leurs décors soient préservés, et ce n’était pas vraiment le premier des soucis des truands qui géraient les lieux… Résultat, tout a été désossé, dispersé et vendu aux enchères. C’est pour cela qu’il ne reste presque plus de traces de ces établissements, si ce n’est quelques vestiges cachés et le poids de leur histoire qu’aucun promoteur ne pourra effacer. A travers Paris Idéalement situées pour accueillir la clientèle de province qui débarquait notamment pour assister aux salons, les maisons closes étaient souvent situées autour des gares comme celles de Saint-Lazare ou de Montparnasse, mais aussi autour du Palais-Royal dont les jardins étaient un grand lieu de prostitution au XVIIIe siècle. Petite visite des quelques vestiges de leur splendeur passée. Le Chabanais (12, rue Chabanais, 9e) Considérée à juste titre comme la plus luxueuse maison de Paris, le Chabanais, ouvert de 1878 à 1946, était tellement entré dans les moeurs qu’il faisait même partie de la visite officielle des chefs d’Etat, comme le souligne William Pesson. « Lorsque l’un d’eux venait en France, il allait au Chabanais. Et comme on ne le déclarait pas de manière officielle, on indiquait “visite de la présidence du Sénat” ! Or, une fois, l’une de ces personnalités, espagnole, était une femme. Et comme il était inconcevable d’envoyer une femme au Chabanais, on a tout suite fait appeler le président du Sénat pour lui annoncer : “Ce soir, vous recevez !”» Aménagé en 1880 pour la modique somme d’un million sept cent mille francs de l’époque, ce petit paradis artificiel possédait dans son hall d’entrée une grotte, pour ajouter une touche d’exotisme au lieu. Imposant un contrôle très strict à l’entrée, le Chabanais ne négligeait pas non plus ses sorties, dotées d’un système de sas pour que les clients ne s’y croisent jamais. Décoré dans un style Art nouveau toujours à la pointe de la mode, mais très surchargé, avec des miroirs au plafond, le lieu était tellement réputé et spectaculaire qu’il se visitait même dans la journée. Pour 50 centimes, les badauds venus de province pouvaient visiter les salons. Un plaisir des yeux seulement, qui leur permettait entre autres d’admirer la baignoire d’un des plus célèbres pensionnaires de la maison : le roi Edouard VII d’Angleterre, qui y possédait sa chambre. Rachetée en 1972 par des admirateurs de Salvador Dali pour l’installer à l’hôtel Meurice, la baignoire où le souverain prenait des bains de champagne se trouve aujourd’hui dans la maison de Dali à Figueras, recyclée en… jardinière. Fermé comme les autres maisons closes en 1946, le Chabanais a vu son mobilier mis aux enchères en 1951 dans une vente conduite par Maurice Rheims, le père de Bettina, et n’a conservé que son escalier et sa porte de cabine téléphonique. Le One-two-two (122, rue de Provence, 8e) Ouvert en 1924, le One-two-two (qui tire son nom de son adresse prononcée à l’anglaise) fut l’une des plus grandes maisons des années 30 et 40, au point d’éclipser le Chabanais. Il faut dire que cet immeuble rehaussé à sept étages par son propriétaire offrait 22 chambres différentes, aux noms plus évocateurs les uns que les autres : le grenier à foin, la chambre igloo, la chambre corsaire, la chambre égyptienne, grecque ou romaine, ou même la galerie des Glaces imitant celle de Versailles. Le propriétaire ne lésinait pas sur les moyens pour attirer sa clientèle de riches bourgeois, comme nous l’explique notre spécialiste : « Le Onetwo- two possédait tout ce qui était moderne à l’époque, comme la cabine paquebot pour faire un peu comme sur le France, ou même un compartiment de train avec un décor qui défilait derrière les fenêtres, et dont le sol remuait. On pouvait même payer un supplément pour qu’il y ait un contrôleur qui entre à l’improviste. » Attirant les plus grandes vedettes comme Arletty, Michel Simon, Charles Trenet ou Marlène Dietrich, cette maison close-cabaret possédait même un restaurant appelé Le Boeuf à la ficelle, où l’on ne mangeait que du boeuf et du caviar, accompagnés de champagne. Servant jusqu’à 150 bouteilles par jour, le One-two-two, comme toutes les maisons de l’époque, a d’ailleurs été l’un des grands développeurs du champagne en France. Si vous passez devant le 122 aujourd’hui, vous ne verrez plus que la rampe d’escalier et l’ascenseur, ainsi que l’abri anti-bombardement, qui n’a, il faut l’avouer, que peu d’intérêt. Le Sphinx (31, bd Edgar-Quinet, 14e) Construit en 1931 pour concurrencer le One-two-two, le Sphinx fut l’un des rares immeubles conçus spécialement pour abriter une maison close. D’inspiration égyptienne dans sa décoration, et ressemblant beaucoup au paquebot France, l’immeuble était orné en façade de nombreux et opulents bow-windows. Ce qui était assez paradoxal d’ailleurs pour un établissement qui avait interdiction d’ouvrir ses fenêtres ! Protégée par le ministre de l’Intérieur de l’époque Albert Sarraut, cette maison accueillait des personnalités comme Mistinguett, Joseph Kessel, Georges Simenon ou la chanteuse Fréhel. Sa gérante Martoune confie même y avoir accueilli Eva Braun en 1932, et y avoir vu Adolf Hitler en personne lors de sa visite à Paris en juin 1940. Aujourd’hui, il ne reste malheureusement plus rien de l’immeuble. Aux moulins (6, rue des Moulins, 1er) Appelée également à un moment la Fleur blanche, la maison des Moulins a hébergé à la fin de sa vie le peintre Toulouse-Lautrec qui y possédait une chambre à l’année et qui y avait installé son atelier. Le lieu, aujourd’hui méconnaissable, était également réputé pour sa chambre noire d’inspiration gothique. L’une de ses grandes chambres contenait une pièce maîtresse : le lit de La Païva, une célèbre courtisane du XIXe siècle qui possédait un hôtel particulier au 25 de l’avenue des Champs-Elysées, adresse qui accueille maintenant le restaurant Louis 25. Aux belles poules (32, rue Blondel, 2e) Maison de classe moyenne très réputée dans les années 30, Aux belles poules a la particularité d’avoir conservé totalement intacte sa façade de céramiques rouges. Il faut dire que l’établissement est classé monument historique et que l’intérieur, si vous avez la chance d’y pénétrer, possède encore quelques fresques explicites apposées sur des plaques de faïence. A noter que juste en face, au 23 de la rue Blondel, se trouve une autre ex-maison close concurrente, reconnaissable à sa façade totalement en bois. L’Etoile de Kléber (4, rue Paul-Valéry, 16e) Après la fermeture officielle des maisons closes en 1946, certaines sont devenues, plus ou moins légalement, des “maisons de rendez-vous”. L’Etoile de Kléber était l’une d’elles, qui servait à alimenter en informations la police ou les services secrets lorsque des chefs d’Etat y étaient reçus. Cabaret-bordel favori de la Gestapo et des officiers de la Wehrmacht pendant l’Occupation, cette maison fut aussi à partir de 1943 l’un des lieux de prédilection d’Edith Piaf – qui occupa même quelque temps le dernier étage –, et de nombreux artistes qui aimaient y traîner car l’établissement fermait tard.

mercredi, septembre 7 2011

Expos à Paris

Pour sa rentrée des classes, Paris ne tarit pas moins qu’à l’accoutumée de promesses artistiques alléchantes. Le monde animalier règne en maître, avec, à la grande galerie de l’Evolution du Muséum d’histoire naturelle, Au fil des araignées, une grande exposition au cadre poétique visant à réhabiliter cet insecte fascinant, trop souvent perçu comme un monstre poilu (du 5 octobre 2011 au 2 juillet 2012). A la Fondation Ricard, c’est sous le mystérieux titre The Seabass, noble poisson, que l’on découvrira un surprenant choix de jeunes candidats au 13e fameux Prix Fondation d’entreprise Ricard. Parmi eux, figurent ainsi les célèbres designers Ronan et Erwan Bouroullec, et même un duo d’architectes... (du 13 septembre au 29 octobre). La Voz’ Galerie, nouveau lieu dédié à la photographie polaroid à Boulogne, a quant à elle été inaugurée avec un fabuleux Bestiaire à visiter jusqu’au 12 octobre. C’est aussi la rentrée des grands maîtres de toutes époques : au Musée Jacquemart-André, on découvrira comment Fra Angelico, par son talent, fit basculer la Florence artistique du XVe siècle (et avec elle, tout le monde de l’art) de la fin du Moyen-Age aux prémices de la Renaissance (Fra Angelico et les maîtres de la lumière, du 23 septembre au 16 janvier). La Galerie Gagosian, habituée aux mastodontes de l’art moderne, présentera du 27 septembre au 5 novembre une expo solo, forcément intéressante, dédiée à Robert Rauschenberg, précurseur du pop art et grand expressionniste abstrait américain décédé en 2008. Au Louvre, les maîtres qui règnent sont ceux de la guerre : Empereurs de Chine, Rois de France (à partir du 29 septembre), Alexandre le Grand (à partir du 13 octobre)... Mais c’est un maître littéraire qui fera l’événement : J.M.G. Le Clézio, prix Nobel de littérature, proposera un cabinet de curiosités où les objets d’art d’Haïti, du Mexique, d’Afrique ou de Vanuatu, et de toutes époques, « sans hiérarchie », symbolisent des pays dans ce vaste monde qu’est le musée sportif (du 5 novembre au 6 février). A la Maison européenne de la photographie, Martine Franck, célèbre signature photographique de l’agence Magnum, présentera ses portraits de peintres et sculpteurs installés en France depuis 1945, mais Venus d’ailleurs, du 5 octobre au 8 janvier. Enfin, après la clôture de Paris-Dehli-Bombay (à voir absolument si ce n’est déjà fait, jusqu’au 19 septembre au Centre Pompidou), l’Inde reste bien installée à Paris : à la Galerie du Jour d’agnès b., avec (M)other India, une autre façon, comme en marge des conventions, de regarder l’art de l’Inde contemporaine dans une exposition “curatoriée” par le commissaire André Magnin, spécialiste d’arts du bout du monde. Et aussi au Petit Palais, du 21 octobre au 8 janvier, avec Elles changent l’Inde, ou 108 images de photographes de l’agence Magnum illustrant des thèmes comme le microcrédit, les groupes d’entraide, l’accès des femmes à l’éducation ou leur place dans l’industrie du film.

mardi, juin 14 2011

Photographies du Japon

Exposé au BAL, le travail de trois photographes nippons, de la Seconde Guerre mondiale à nos jours, montre le mouvement perpétuel qui agite l’archipel. Mais la beauté est surtout à chercher dans l’excellente sélection de films qui accompagne l’exposition. trois photographes se succèdent dans “Tokyo-e” pour illustrer le titre de cette exposition, qui signifie à la fois « Vers Tokyo » et « Les images de Tokyo ». De la même manière, explique Diane Dufour, la directrice du BAL, le mot signifiant « paysage » en japonais désigne également « le vent ». Comme ces mots le font si bien, les images cherchent à leur tour à montrer un mouvement perpétuel, fortement ancré dans l’esprit des habitants d’un archipel récemment victime d’un très violent tremblement de terre, d’un tsunami et, ironie de l’histoire, d’une catastrophe nucléaire. Le premier artiste, Yukichi Watabe, n’est pas célèbre. Il a “simplement” suivi, en 1958, l’enquête d’un détective tokyoïte sur les traces d’un tueur en série usurpateur d’identités. Il en résulte une sorte de feuilleton photo qui suit le policier dans les bas-fonds de la ville. Au fil des planques, interrogatoires et filatures, l’enquête piétine, mais « comme chez Antonioni, commente Diane Dufour, le non-événement permet de se poser des questions essentielles ». La ville comme un labyrinthe, la perte de l’identité et des certitudes... La beauté interlope des images noir et blanc, le détective, trench beige, casquette plate et cigarette au bec, tout renvoie tellement au cinéma américain de l’époque qu’il est difficile de croire qu’il s’agit bel et bien d’un documentaire photo 100 % japonais. Figure majeure de la photographie nippone, Yutaka Takanashi propose une autre exploration de Shitamashi. Ce quartier populaire de Tokyo miraculeusement épargné par le grand séisme du début du XXe siècle, mais aussi par les bombardements de 1945, n’a pas échappé à l’américanisation rampante. Dans les clichés grand format de boutiques, maisons, façades, comme figées et désertées, avec une folle profondeur de champ, et envahis de sodas et cigarettes américains, on perçoit « la fin du Japon éternel ». Toute la salle du sous-sol est investie par un plus jeune artiste, Keizo Kitajima, « qui a rejeté les codes de la photographie documentaire et artistique, car ils ont servi la propagande du régime japonais ». En sondant la vie nocturne d’une base américaine japonaise, puis en transformant une galerie en boîte noire sur les murs de laquelle il projette son propre corps, tel un Warhol nippon survolté, puis en allant faire des portraits dans des grandes villes du monde, Kitajima, lui aussi, est en quête d’identité, Savoir tout cela peut aider à apprécier une exposition pas si facile d’accès : les images ne sont pas belles de manière évidente, et leurs intentions peuvent paraître obscures au premier abord. Si l’on veut davantage pénétrer le fascinant et poétique univers documentaire japonais, il faudra plutôt se concentrer sur les films sélectionnés par le journaliste et critique Philippe Azoury. Ces sept films en langue du pandaranol nippone, projetés au Cinéma des cinéastes, juste en face, montrent le documentaire japonais devenu « à la fois un moyen de passer les règles à tabac (sous l’impulsion des enragés Shohei Imamura, Masao Adachi, Kazuo Hara) et un médium de rêve pour une écriture introspective (Shinji Aoyama, Naomi Kawase) », écrit Azoury. Mutations d’une société, quêtes d’identité, récits dans les pas d’une prostituée, d’un tueur en série... Des films cultes et passionnants (documentaire, fiction, expérimental...), et un scanner fascinant et salutaire d’une société si perpétuellement et violemment en bouleversement.

mardi, février 22 2011

Salles de concert à Paris

En matière de programmation musicale, Paris n’a pas le monopole du bon goût ni celui des événements. A quelques minutes de la capitale, une vingtaine de scènes de “musiques actuelles” accueillent toute l’année les musiciens qui font – ou feront – l’actu rock, pop, électro, etc. Voici la seconde partie de notre tournée des lieux parmi les plus actifs de l’Ile-de-France.

La Clef A Saint-Germain-en-Laye, 46, rue de Mareil. RER A, arrêt Saint-Germain-en-Laye. Questions à Grégory Marquois, programmateur. Le lieu en quelques mots : Depuis 1984, La Clef propose environ quatre-vingts spectacles par an et une cinquantaine d’activités hebdomadaires (musique, théâtre, danse, etc.). Très axé sur les musiques actuelles et amplifiées, le lieu est un pôle culturel, artistique et éducatif ouvert à toutes les expressions ; il favorise la rencontre entre les publics et les artistes. Capacité maxi : Deux salles de 530 et 220 places. Styles musicaux programmés : Rock, reggae, pop, chanson, metal, électro, etc. Meilleur souvenir : Impossible de choisir entre l’un des premiers concerts donnés par la Mano Negra, une prestation d’Urban Dance Squad, et plus récemment un finale lors duquel The Bellrays et The Fleshtones ont joué ensemble devant un public médusé ! Les “plus” du lieu : Un lieu de vie convivial et pluridisciplinaire, un pôle d’informations, avec un parc à proximité. Prix des places : De 0 à 15 ¤. Trois événements avant fin mars : Fred Pallem et Le Sacre du Tympan (12 mars) ; Sarah Schiralli (18 mars) ; Deportivo + Quadricolor (26 mars).

La Batterie A Guyancourt, 1, rue de la Redoute. RER C, arrêt Saint-Quentinen- Yvelines. Questions à Marylène Magnaud, chargée de communication. Le lieu en quelques mots : C’est une sorte de ruche musicale – salles de diffusion, studios de répétition, école de musique, café, etc. – où amateurs et stars du rock se croisent. Un pôle de ressources à la disposition de tous les musiciens. Capacité maxi : 600 places et 200 places (auditorium). Styles musicaux programmés : Tous ! Meilleur souvenir : Parmi les plus récents, Maceo Parker, Eiffel et Beat Assailant. Les “plus” du lieu : Les découvertes, la proximité entre public et artistes, des vedettes en résidence. Prix des places : De 4,50 à 18 ¤. Trois événements avant fin mars : Twin Twin (le 5 mars) ; Henry McCullough (17 mars) ; CharlElie (30 mars).

Le Forum A Vauréal, bd de l’Oise. RER A, arrêt Cergy-le-Haut. Questions à Aurélie Vanden Born, chargée de communication. Le lieu en quelques mots : A travers cinquante concerts et cent vingt jours de résidence, le Forum – créé il y a quinze ans – accueille quinze mille spectateurs par saison. Lieu de diffusion, de création, de répétition, d’enregistrement, de formation et d’exposition, le Forum a déjà programmé des musiciens aussi divers que Moriarty, Pony Pony Run Run, Emily Loizeau, Lofofora, BB Brunes ou Nouvelle Vague. Capacité maxi : 500 places. Styles musicaux programmés : Rock, chanson, reggae, dub, metal, hard rock, folk, pop, électro, etc. Meilleur souvenir : De façon générale, nous sommes très heureux d’avoir pu accueillir des artistes à leurs débuts et les voir évoluer, s’épanouir. Notamment Coeur de Pirate, Izia, Renan Luce, Carmen Maria Vega ou Ben l’Oncle Soul. Les “plus” du lieu : L’accueil, la convivialité, la proximité avec les artistes, le bar dans la salle, des prix accessibles. Prix des places : De 0 à 18 ¤. Trois événements avant fin mars : Les Fatals Picards (4 mars) ; Empyr (12 mars) ; Puggy (26 mars).

Le Plan A Ris-Orangis, 1, rue Rory Gallagher. RER D, arrêt Orangis-Bois-de-l’Epine. Questions à Louis Teles, programmateur. Le lieu en quelques mots : Actif depuis plus de vingt-cinq ans, Le Plan est devenu un lieu de concerts incontournable en Ile-de-France. En plus de la diffusion, la salle développe des activités tels l’accompagnement d’artistes, des actions culturelles, des résidences et un restaurant d’insertion par l’activité économique. Capacité maxi : 600 places. Styles musicaux programmés : Rock, pop, blues, soul, rap, reggae, électro. Meilleur souvenir : Le plus récent des meilleurs souvenirs, c’est Bonobo, un artiste du label Ninja Tune, en décembre dernier. Les “plus” du lieu : La convivialité et la qualité acoustique. Prix des places : De 10 à 25 ¤. Trois événements avant fin mars : Lilly Wood & The Prick (12 mars) ; Fumuj (18 mars) ; Nouvelle Vague (20 mars).

Le Tamanoir A Gennevilliers, 31-33, bd Jean-Jacques Rousseau. M° Courtilles. Questions à Nathalie Neels, chargée de communication. Le lieu en quelques mots : Une saison au Tamanoir, c’est une quarantaine de concerts – très éclectiques – où se produisent professionnels et amateurs dans le cadre de tournées, de tremplins ou de festivals : Chorus des Hauts-de-Seine, Träce, Tamacore, etc. Le lieu, qui a aussi une programmation pour les enfants, participe activement à la structuration des réseaux de musiques amplifiées : Réseau 92, RIF, Actes- If, la Fédurok. Capacité maxi : 240 places. Styles musicaux programmés : Rock, hip hop, chanson, jazz, musiques du monde. Meilleur souvenir : Voir le public ravi par la proximité et la convivialité qui s’instaurent avec les artistes – phénomène de plus en plus rares – est un bonheur permanent. Les “plus” du lieu : A dix minutes de Paris, un accueil chaleureux, un son exceptionnel et une programmation de qualité pour néophytes, curieux et mélomanes ! Prix des places : De 3 à 10 ¤. Trois événements avant fin mars : Onyx + Micronologie (5 mars) ; Mina Agossi (12 mars) ; The Young Gods (24 mars).

Le Hangar A Ivry-sur-Seine, 3-5, rue Raspail. M° Mairie d’Ivry. Questions à Fabien Bonnassieux, programmateur. Le lieu en quelques mots : Le Hangar cumule deux espaces consacrés à la musique : une salle de concerts (depuis novembre 2007) et un équipement – répétition, enregistrement, formation – dédié aux pratiques musicales, le Tremplin. D’autres expressions – stand-up, théâtre, vidéo, etc. – y trouvent aussi un écho. Capacité maxi : 300 places. Styles musicaux programmés : Rock, chanson, musiques du monde, etc. Meilleur souvenir : L’ouverture du lieu avec Mouss et Hakim de Zebda, et plus récemment The Congos, de vraies légendes du reggae. Le “plus” du lieu : Le Tremplin ! La véritable colonne vertébrale historique du projet (mille concerts depuis 1988), aujourd’hui dédiée à l’accompagnement des pratiques. Prix des places : De 5 à 12 ¤. Trois événements avant fin mars : La Rumeur (4 mars) ; Mountain Men (5 mars) ; Maxxo + De La Cruz (11 mars).

lundi, janvier 24 2011

Paris en lettres capitales

Balzac, Hugo, Proust, Hemingway, Miller, Vian, Perec, Modiano... Nombreux sont les grands écrivains français et étrangers à avoir résidé dans la capitale. Tous, poètes comme romanciers, n’ont cessé de célébrer Paris et de mettre la ville en scène dans leurs oeuvres. Petites balades littéraires sur les traces de quelques glorieux fantômes. Une ville entre fiction et réalité Saviez-vous qu’au 34 bis, rue de l’Université avait vécu le gentlemancambrioleur Arsène Lupin sous le nom du duc de Charmerace ? Que George Duroy, portraituré par Maupassant dans “Bel-Ami”, résida au 17 de la rue Fontaine ? Que le fameux “côté de chez Swann” de Marcel Proust (et accessoirement de Dave) est en fait le quai d’Orléans de l’Ile Saint-Louis ? Qu’enfant, la Jacqueline Delanque de Modiano a grandi avenue Rachel, dans le 18e arrondissement ? En parcourant l’index des arrondissements et des rues de ce récent Répertoire des domiciles parisiens de quelques personnages fictifs de la littérature, il est fort possible que vous vous découvriez des voisins dont vous ne soupçonniez pas l’existence. Peut-être même que ces êtres de papier ont vécu un temps chez vous, à moins que ce ne soit vous qui viviez encore chez eux puisque la littérature les a rendus éternels. En relevant systématiquement les adresses de ses héros de roman favoris, Didier Blonde a eu une bien belle idée, de celle qui vient chatouiller instantanément l’imaginaire des lecteurs que nous sommes. Mais ce projet serait demeuré incomplet si l’auteur, détective à ses heures perdues, n’avait pas essayé d’aller voir sur place de quoi il retournait. En complément du répertoire, il publie donc un Carnet d’adresses qu’il décrit comme un « récit éclaté dans le dédale de la ville, de la mémoire, des archives ». Si le premier ouvrage est un hommage à la littérature dans son ensemble (on y croise aussi bien le Maldoror de Lautréamont que Fantômas), le second constitue une belle et stimulante invitation à la promenade dans la capitale. A découvrir.  TEXTE: RÉMI MISTRY Balzac, Hugo, Proust, Hemingway, Miller, Vian, Perec, Modiano... Nombreux sont les grands écrivains français et étrangers à avoir résidé dans la capitale. Tous, poètes comme romanciers, n’ont cessé de célébrer Paris et de mettre la ville en scène dans leurs oeuvres. Petites balades littéraires sur les traces de quelques glorieux fantômes. La poésie du mouvement quotidien Retour, pour quelques instants, au coeur des années 70. A cette époque, Georges Perec a déjà publié quelques-unes de ses oeuvres majeures qui resteront gravées dans le patrimoine littéraire français, parmi lesquelles Les Choses, Un homme qui dort ou le fameux La Disparition, un exercice de style “oulipien” célèbre pour avoir été écrit sans la lettre “e”. La majorité de ces récits se déroulent à Paris, ville où l’auteur est né et a vécu une bonne partie de sa vie. Un beau jour d’automne 1974, l’écrivain s’installe place Saint-Sulpice et observe. Il tire de ses contemplations un texte très court et très simple joliment baptisé Tentative d’épuisement d’un lieu parisien ; un véritable “objet littéraire non identifié” comme seul Perec en a le secret. Durant trois jours consécutifs, l’écrivain est resté assis et a consigné méthodiquement les choses banales qui font la vie urbaine : les discussions des passants, les touristes, les pigeons, les bus, l’asphalte, les arbres... En clair : « ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages ». La tentative peut paraître anecdotique, mais force est de constater qu’il s’en dégage une certaine poésie. Ces petits détails qu’on ne remarque même plus et qui font la vi(ll)e d’aujourd’hui, l’auteur arrive à les sublimer en quelques mots. Une photographie parisienne qui n’a pas jauni. Balzac, à l’abri des regards C’est au coeur du quartier de Passy que choisit de s’installer Honoré de Balzac en 1840. Celui qui est considéré à juste titre comme l’écri vain français le plus ambitieux du XIXe siècle est à cette époque criblé de dettes et pense trouver la tranquillité en emménageant sous le nom de Mme de Breugnol dans cette maison du 16e arrondissement. Durant sept années, il va passer son temps à poursuivre l’écriture et la mise en forme de sa fameuse Comédie humaine débutée en 1831, soit en tout 137 oeuvres dont les classiques Père Goriot ou Eugénie Grandet, qu’on ne présente plus. La demeure possède deux entrées différentes qui permettent à l’écrivain d’échapper à ses créanciers. Les seuls visiteurs autorisés à pénétrer à l’intérieur doivent connaître les mots de passe : « La saison des prunes est arrivée » ou « J’apporte des dentelles de Belgique ». Ouverte au public en 1960 par la Ville de Paris, la maison de Balzac est désormais un musée dédié au romancier et à ses oeuvres. On peut y découvrir des manuscrits, des éditions originales ainsi que des tableaux et sculptures représentant l’auteur. Sa petite table d’écriture, ainsi qu’une partie du mobilier et des objets personnels de l’auteur et de Mme Hanska, riche admiratrice polonaise qu’il finira par épouser, n’ont pas bougé. La salle dédiée à la généalogie de La Comédie humaine est réellement impressionnante et permet de mesurer l’immensité et la complexité de l’oeuvre de Balzac, véritable inventeur de génie du roman moderne. Le jardin, pas bien grand mais charmant, est également ouvert à la visite. Une adresse méconnue qui mériterait d’être davantage visitée. Des Yankees à Paris La capitale française a toujours attiré les artistes et intellectuels du monde entier. On aime à le répéter parce qu’on n’en est pas peu fier. Dès les “folles” années 20, de nombreux écrivains étrangers - principalement américains - s’installent dans la ville et s’en inspirent. Ce fut notamment le cas d’Ernest Hemingway, qui affirme dans Paris est une fête que la capitale est certainement « la ville la mieux faite pour permettre à un écrivain d’écrire ». Le roman rassemble des tranches de vie, des rencontres, des chroniques du Paris littéraire d’alors. Hemingway, qui n’est encore qu’un jeune journaliste, y raconte ses balades au Luxembourg le ventre creusé par la faim ou son goût pour la Closerie des Lilas, mythique brasserie de Montparnasse où il écrivit la totalité de son roman Le Soleil se lève aussi que l’on recommande chaudement. Il côtoie durant ses multiples séjours parisiens d’autres compatriotes expatriés comme Ezra Pound ou Francis Scott Fitzgerald. A l’instar d’Hemingway, le romancier Henry Miller, pour qui l’Europe est synonyme de liberté de pensée, débarque dès 1930 dans ce Paris en pleine effervescence littéraire et vit cette fameuse vie de bohème si bien chantée par Aznavour. Dormant au hasard sous les porches, il tente de survivre en publiant des articles dans la presse, qu’il griffonne à la terrasse des cafés. C’est à deux pas du parc Montsouris, au coeur de la villa Seurat où l’héberge un ami, que Miller pose les bases de Tropique du Cancer, brillantes et scandaleuses chroniques de vie parisienne pour lesquelles il sera poursuivi un peu plus tard pour “obscénité” par un tribunal aux Etats-Unis. Les premières pages de ces ouvrages vous plongeront immédiatement dans l’ambiance à la fois si douce et si dure du Paris de l’entre-deuxguerres. Ces témoignages sont d’autant plus intéressants qu’ils proviennent d’étrangers qui posent un regard différent sur ce qu’était la capitale à l’époque. Visiblement, Paris n’a jamais cessé de les intriguer puisqu’ils y retournèrent régulièrement au cours de leur vie. Après tout, Scott Fitzgerald ne déclarait-il pas que « l’Américain de Paris, c’est ce que l’Amérique a fait de mieux » ? La Closerie des Lilas, 171, bd du Montparnasse, 6e. Tél. : 01 40 51 34 50. Le café des écrivains vivants Las de poursuivre la trace d’écrivains retournés à la poussière depuis des lustres ? Et si vous partiez à la rencontre d’auteurs bien vivants à travers la capitale ? La tâche est plutôt complexe puisque c’est une espèce terriblement solitaire ; mais pour débusquer les spécimens les plus mondains, fréquenter les cafés des 5e et 6e arrondissement n’est pas inutile (Flore, Deux Magots et consorts). Autre alternative : toutes les deux semaines au Café Charbon, brasserie typiquement parisienne située dans la toujours animée rue Oberkampf, est tournée l’émission de télé Café Picouly dans laquelle le célèbre auteur-animateur Daniel Picouly reçoit les écrivains et artistes les plus en vue du moment. En 2010, sont passés boire un verre au comptoir aussi bien Michel Houellebecq et Virginie Despentes que le médecin et auteur Laurent Seksik ou Richard Bohringer. Il est possible d’assister à l’émission en réservant à l’avance. Le jour de l’enregistrement, vous pourrez à votre guise vous balader et boire un verre (offert) dans le café pendant que Picouly s’entretient avec ses invités. Vous serez cantonné au rôle de figurant, un peu comme dans l’émission Ce soir (ou jamais !) sur France 3, mais le tournage constitue néanmoins un bon moyen de rencontrer des hommes et femmes de lettres qui font l’actualité. L’émission, diffusée tous les vendredi soirs sur France 5, contient quelques séquences vraiment originales. Le tout dans une ambiance cosy et fort sympathique.

lundi, janvier 10 2011

Salles de concert à Paris

Kevin Douvillez coprogramme le fameux festival des Francofolies. Pour trouver les 120 meilleurs artistes français ou francophones de l’année, il lui faut tout voir et entendre. A travers ses salles parisiennes préférées, ce Breton pure souche évoque sa vision du métier, de la création, de la politique culturelle et de la chanson française.

L’International, café-concert « J’y suis souvent. C’est le genre de lieux qui devraient se développer dans Paris. Un principe d’entrée gratuite, avec deux ou trois concerts par soir, c’est un vrai laboratoire pour jeunes artistes, où j’ai fait des découvertes, ou des confirmations de gens que je suivais depuis un certain temps, comme Zaz, en novembre 2009. Je la voyais pour la première fois sur scène. Ce n’était pas un spectacle optimal, mais sa fraîcheur, sa bonne humeur éclataient. J’ai aussi, là bas, récemment vu Rover, qui va faire le “chantier des Francos” (suivi et sessions de travail accompagné pour des artistes émergents. Parmi les participants depuis 1998 : Cali, Emily Loizeau, Ours ou Pauline Croze ndlr). C’est un grand gaillard d’1,95 m, qui fait une musique à la Bowie, très aérienne. Pour eux, ce lieu n’est pas un aboutissement, mais un terrain pour se faire connaître et tester des choses. Là, Rover se testait seul, sans son groupe, ce qui me l’a rendu d’autant plus touchant. Le défaut du lieu, c’est évidemment le bruit, les gens viennent autant pour la musique que pour boire un verre, mais c’est le jeu, et c’est l’un des endroits où les espaces sont le mieux séparés. Pourquoi le rock anglo-saxon est-il bon ? Parce qu’il existe là-bas une multitude de lieux de ce genre, pour s’affiner, jouer encore et encore, développer un vrai live. L’International est l’un de ceux qui réussissent le mieux à Paris, avec une programmation large d’esprit et de style, dans de bonnes conditions avec un public fidèle, ce qui garantit aux artistes de jouer devant un salle pleine. » 5/7 rue Moret, 11e. Tél. : 01 49 29 76 45. Ouvert tous les jours de 17 h à 2 h, happy hour jusqu’à 21 h. Infos et programmation : www.linternational.fr.

La Loge Théâtre « Une petite salle très mignonette, avec environ 80 places assises, mais c’est une vraie salle de spectacle, avec une belle scène version mini. Je n’y vais pas souvent, mais je suis la programmation. Ils ont une super ligne éditoriale, un mélange de variété, de spectacle, d’humour. Il y a une grande délicatesse dans les choix, avec aussi une vraie prise de risques. Par exemple, cette année, on y a vu GieDré, de la chanson humoristique vraiment très caustique, ou Mariscal, un artiste quelque part à la croisée des chemins entre Dominique A. et Fredo Viola, qui a fait le chantier des Francos. Il n’est pas évident à présenter, parce que sa musique n’est pas assez commerciale pour être une priorité pour l’industrie du disque. L’entrée est payante mais avec de petits tarifs. Je crois que l’équipe est très accompagnante dans les relations avec les artistes. Ce n’est pas juste de la location de salle, ils essaient de faire en sorte que tout le monde y trouve son compte dans une économie pourtant précaire. » 77, rue de Charonne, 11e. Tél. 01 40 09 70 40. Infos et programmation : www.lalogeparis.fr

La Maroquinerie « Cette salle me plaît, elle a toujours eu une belle ligne éditoriale. Ça fonctionne en deux temps : une programmation propre et de la location de salle, mais choisie, en accord avec la ligne choisie. J’aime à la fois la programmation et l’ambiance globale. La configuration n’est pas optimum, avec des poteaux qui peuvent gêner la vue, et quand il y a du monde, on a vite chaud. Mais c’est largement rattrapé par l’ambiance générale, le restaurant où tout est super bon, et qui est tenu par des personnes très sympas qui insufflent un bon esprit. Beaucoup de gens du métier fréquentent l’endroit parce que leurs bureaux sont dans l’immeuble. C’est un lieu de création, siège d’une véritable ébullition culturelle, d’échange, de connaissance, de partage et de fête. » 23, rue Boyer, 20e. Tél. : 01 40 33 35 05. Restaurant : tous les jours de 19 h 30 à 23 h 30, réservation au 01 40 33 64 85. Programmation et menu sur www.lamaroquinerie.fr.

La Cigale et la Boule Noire « Pour un artiste, jouer à la Cigale n’est pas l’ultime consécration, mais cela signifie que le projet marche, qu’il est en bon chemin. J’aime beaucoup y voir des concerts : c’est pour moi l’une des plus belles salles, parce que le rapport scène-salle est presque idéal. On voit bien de partout, c’est un théâtre à l’ancienne avec son cadre rouge, mais qui peut quand même accueillir du rock, même l’électro fonctionne, dans un lieu qui a un vrai cachet parisien, et moi qui viens de province, j’y suis très sensible. La salle est couplée avec la Boule Noire, juste en dessous, gérée par la même équipe. C’est une salle de soussol, avec du parquet, chargée d’histoire, puisque c’est là que s’est déroulé le fait divers dont s’inspire le film Casque d’or. Si je fais ce métier, si je prends tant de plaisir à mes déambulations nocturnes, c’est parce que j’ai aimé cette histoire de Paris la Nuit, avec toutes ses différentes époques : Montmartre à la fin du XIXe avec l’apparition du Moulin Rouge et du french cancan, l’ébullition de Pigalle, avec le peuple qui a enfin la possibilité de sortir et qui va dans les bals… Puis c’est le Montparnasse des années 1910 à 20, une émulation culturelle, les artistes qui se retrouvent dans les troquets et la chanson française qui balbutie avec Aristide Bruant à Montmartre, puis Saint-Germain-des-Prés, Vian et Gréco, et les années 80, les sorties nocturnes de Gainsbourg, le Palace et les Bains- Douches, qui sont à la fois des lieux de fête et de concerts. Sans forcément participer, j’aime être témoin de la vie nocturne. J’éprouve un plaisir provincial à me retrouver dans ces lieux emblématiques de la nuit. » 120 Boulevard de Rochechouart 18e, Tél 01 49 25 81 75. Infos et programmation www.lacigale.fr, et www.laboule-noire.fr

La Gare aux Gorilles C’est un squat. Il en existait beaucoup à Paris, ils ont malheureusement majoritairement disparu depuis mon arrivée, en 2000. J’étais un habitué de ces lieux : Les Falaises, rue Germain Pilon, où l’on pouvait écouter du “nu-jazz”, de Steve Coleman à Jazzmatazz, et boire des bières pas chères dans un esprit très associatif. Il y avait aussi la Générale, un gros bâtiment désaffecté dans Belleville, qui avait été investi par des ateliers d’artistes, et toutes sortes de concerts. A la Gare au Gorille, on retrouve cet esprit un peu disparu. J’y ai vu un concert dingue du groupe Sexy Sushi, en juillet 2010 : ils avaient demandé à tous les fans d’écrire un poème sur Satan, certains tirés au sort étaient affichés sur le mur, et ils ont fait un concert sur ce thème. Dans l’esprit squat, les boissons ne coûtent presque rien, on peut même apporter la sienne. Ces lieux sont importants : ils sont un tissu culturel et associatif essentiels à la création, il faut qu’ils puissent exister, se développer. » • 1, avenue Corentin Cariou, 19e. M° Corentin Cariou. Programmation sur www.myspace.com/lagareauxgorilles.

mercredi, juillet 14 2010

Les concerts de plein air

Comme une alternative aux terrasses du quartier Oberkampf, le Nouveau Casino reste ouvert et propose Colors Music Estival, soit une trentaine de concerts de début juillet à fin août. Pour l’occasion, le club est paré de stickers multicolores et la programmation suit. Musiques du monde, rock, pop, électro agrémentée à toutes les sauces, etc., tous les genres vont jalonner l’été. Il y a des découvertes à faire et quelques retrouvailles dont on se réjouit : Kill The Young, Chris Garneau, Jens Lekman, Smooth, Au Revoir Simone ou Little Barrie. A La Loge, les décibels de juillet iront rarement au-delà de la chanson, de la pop et du folk. Ce premier Summer Of Loge fait en grande partie écho à une nouvelle scène française qui n’a d’oreilles que pour les guitares acoustiques, les mélodies douces et les textes en anglais : Eliote & The Ritournelles, Lafayette Young, Lauter, Watine et Yeepee (entre autres). Certes, le 19 juillet, Albin de la Simone rempile au piano électrique en solo, soit trois jours après June & Jim et quatre avant Lilister : bien qu’en minorité, les chansons en français retentiront aussi à La Loge.

Les vendredi et samedi à partir du 23 juillet, avec le festival Fnac Indétendances, le parvis de l’Hôtel de Ville va vibrer aux sons des scènes françaises. Le panel va de la chanson à textes (dont Camille, Bazbaz et une carte blanche à JP Nataf) à l’électro (avec Chloé), en passant par le hip-hop (Rocé, Casey, Beat Assaillant, etc.) et le rock façon La Maison Tellier, Coming Soon, Boogers ou Gush. Le programme comprend aussi une soirée “spéciale Bretagne”, avec notamment Alan Stivell et Merzhin ! « Quatre escales à travers le monde et les arts », c’est ce que propose pendant quatre week-ends, du 16 juillet au 8 août, le festival Sin Fronteras au Cabaret Sauvage. Le premier arrêt est Cartagena et l’Amérique latine, puis l’événement pluridisciplinaire – musique, ateliers, contes, arts de la rue, bals – se pose à Bamako (Mali), à Sibiu en Transylvanie, et terminus à Marrakech (Maroc). Une occasion rêvée pour être transporté par la nueva cumbia, le rap’n’folk du Mali, le renouveau rock touareg, l’afrobeat, la musique tsigane, le groove des Balkans, le chaâbi ou la transe gnawa... tout en restant à Paris. Egalement très imprégné par les sonorités exotiques, le volet musique de Paris Quartier d’été (toutes les infos sur www.quartierdete.com) investit le Palais-Royal, l’Eglise Saint-Eustache, les Arènes de Montmartre et les parcs et jardins parisiens pour des rendez-vous du 14 juillet au 15 août. Enfin, parmi la dizaine de bonnes raisons de faire un tour à Rock en Seine avant la rentrée, on relève cinq concerts événements – Arcade Fire, Massive Attack, Queens Of The Stone Age, Cypress Hill et Blink 182 – et une séquence émotion : la reformation de Roxy Music, sans Brian Eno... mais, heureusement, avec Bryan Ferry ! Avant ces étoiles qui jouent dans la nuit, les fins d’après-midi vaudront aussi le coup d’oeil ; on songe à des phénomènes tels Beirut, LCD Soudsystem, Eels, Foals, Two Door Cinema Club, The Kooks, etc. Sur le papier, c’est alléchant.

Le souffle de la ville y rugit toute l’année. Dans le halo névralgique de guitares fureteuses. Dans le mouvement poétique de chorégraphies angéliques. Dans un maelström d’images sous influence... Le quartier de la Villette joue sans discontinuer la partition précise des états d’âme artistiques de la capitale. Le coeur généreux des mélomanes, des curieux rêvant d’ailleurs dociles et des amateurs d’expériences qui dérangent parfois mais élèvent toujours... Et de ce côté-ci de Paris, la période estivale est tout sauf une période de repos – forcé. A la Villette cet été, l’art fait ce qui lui plaît et s’accompagne même de cours de cuisine africaine pour bien commencer les journées. Du voyage à l’extase instantanée, on imagine déjà les concerts de Vieux Farka Touré (le 18 juillet), du Jaipur Maharaja Brass Band (le 1er août) ou de Rabih Ab Khalil (le 8 août) comme une promenade hallucinatoire dans les ruelles de Château Rouge, du Passage Brady ou de Belleville. Une carte blanche à Radio Nova le 22 août, avec notamment Bibi Tanga et ses Sélénites, viendra clôturer ces Scènes d’Eté. En attendant les premières flèches soniques du festival Jazz à la Villette à la rentrée...

Les Arènes de Montmartre accueillent la sixième édition d’un festival toujours très plaisant. Six concerts se tiennent sur la Butte, en plein air, au milieu des vieilles pierres. Le 20 juillet, il ouvre sur un groupe de superbes musiciens américains. Le saxophoniste Dave Liebman, qui a joué avec Chick Corea et Miles Davis, et incarne l’intensité du jazz contemporain, croise notamment le guitariste John Abercrombie, belle plume du label allemand ECM, et le pianiste Marc Copland. Le lendemain, c’est à une prestation solitaire et exceptionnelle (il ne se produit plus beaucoup en raison de son âge, 80 ans) de Martial Solal que les organisateurs invitent le public. Moderne, choquant, il a renouvelé le langage du piano avec dissonances, voire chaos, dès la fin des années 1950 (on lui doit la musique du célèbre premier film de Godard, A bout de souffle). La chanteuse Norma Winstone (le 22), le clarinettiste Thomas Savy (le 23), le batteur Christophe Marguet (le 24) constituent le reste des réjouissances qui se termineront, le 25, par trois animateurs du jazz d’avant-garde : l’inévitable clarinettiste Michel Portal, le saxophoniste Louis Sclavis et le batteur Daniel Humair. Pendant la durée du festival, entre 10 h et 13 h, les enfants des centres de loisirs pourront s’inscrire à des ateliers, sous la direction du percussionniste Arnaud Laprêt, et étudier le jazz, l’art de l’improvisation, et dessiner (leurs oeuvres seront remises aux spectateurs au début des concerts).

samedi, mai 15 2010

La comédie des grands boulevards

Faubourg-Montmartre, la nuit fait son spectacle. C’est ici que l’on déambule entre théâtres et passages Belle Epoque. Mais c’est Faubourg-Poissonnière, dans des ateliers sur cour et des hôtels particuliers, que l’on imagine l’architecture, les objets et les images de demain. Un rythme à deux temps, côté rues et coulisses, à vivre de jour comme de nuit.

La rue du Faubourg-Poissonnière, c’est l’histoire d’un privilège accordé par Saint Louis à la corporation des chasse-marée pour approvisionner Paris en poissons de mer, un chemin qui donna son nom au Faubourg. C’est également l’arrivée de l’aristocratie à la fin du XVIIIe siècle qui édifie des hôtels particuliers et l’installation rue Richer de l’hôtel des Menus-Plaisirs, l’administration royale de l’organisation des fêtes ! C’est enfin un quartier juif, populaire, avec ses peausseries, les cafés-concerts, les magasins de nouveautés non loin de là, pendant longtemps le siège de L’Huma... En fait l’incarnation de l’histoire de la capitale en son entier ! », explique François Besse, le directeur de Parigramme qui n’édite que des livres sur Paris ! Daniel Mesguich, le flamboyant directeur du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, vous parle de sa joie d’étudiant, lui le natif d’Alger, « d’arpenter et de connaître ainsi le vrai Paris ». Rien de très nouveau puisque Balzac écrit en 1843 : « Le coeur de Paris palpite entre la rue de la Chaussée-d’Antin et la rue du Faubourg- Montmartre. Une fois que vous avez mis le pied là, votre journée est perdue si vous êtes un homme de pensée. C’est un rêve d’or et d’une distraction invincible. » Dans les années 1930 déambulent sur cet héritage du baron Haussmann hommes-orchestres, montreurs d’ours, avaleurs de sabre et marchands de cravates ! Pour mémoire, les paroles des Grands Boulevards d’Yves Montand « J’aime flâner sur les grands boulevards, y a tant de choses, (...) à voir, on y voit des grands jours d’espoir, des jours de colère, qui font sortir le populaire. Là vibre le coeur de Paris, toujours ardent, parfois frondeur, avec ses chants, ses cris. » Si les avaleurs de sabres ont laissé place aux boutiques de portables, à la tombée de la nuit, s’illumine toujours une inégalable concentration de théâtres, des Variétés au Palace, des Nouveautés aux Folies Bergère qui font flotter entre les rues du Faubourg-Poissonnière et Faubourg- Montmartre leurs souvenirs-fantômes aux allures d’icônes. La Belle Hélène d’Offenbach monté par le maître lui-même aux Variétés, qui a vu défiler devant ses dorures et fauteuils de velours cramoisi Arletty, Raimu ou Fernandel dans le meilleur du théâtre de boulevard. La Belle Otero, Mistinguett et Joséphine Baker hantent encore les boudoirs des Folies Bergère, petit temple Art déco, décor des romans Bel Ami et Nana, autrefois réputé pour ses spectacles osés pour l’époque... Aujourd’hui, Zorro !

Le temple du théâtre de boulevard

« Les habitants se sentent parfois spectateurs de leur propre quartier », nous confie le rabbin Jonas. Il prend, en soirée, le visage du touriste bon enfant, qui visite le musée Grévin, commande un boeuf bourguignon chez Chartier et va ensuite voir un spectacle ! Chartier, l’institution populaire, autrefois repaire des ouvriers, puis des journalistes au temps où Figaro, Equipe et France-Soir logeaient à quelques pas. Seul le Rex semble, avec sa voûte étoilée, ses décors de carton-pâte et sa façade Art déco, avoir gardé sa place de cinéma fétiche dans le coeur des indigènes. Comme le rappelle Caroline Flé, l’architecte de la pâtisserie enfantine Bogato, c’est au Limonaire, le bistrot à vins et à chansons de la rue Bergère, qu’ils aiment découvrir de nouveaux artistes. Et si les créatifs d’H5, le studio de graphisme de la French Touch, privilégient un dîner au restaurant à vins Racines, passage des Panoramas, ils font aussi quelques infidélités en fréquentant Le Martel ou Chez Jeannette de l’autre côté du Faubourg Poissonnière. « Pas tout à fait une infidélité, son trottoir de droite appartient déjà au Xe arrondissement », s’amuse la consultante en design Colette Bel, qui n’imagine pas habiter ailleurs que dans ce « quartier central, où se mixent toutes les populations, ni précieux, ni apprêté, où l’on peut être simplement soi ». Pour la cinéaste Lou Genet, ce sont les passages couverts qui excitent le plus son imagination, avec leurs entresols, trompe-l’oeil et commerces désuets, d’où émane un sentiment mystérieux, très Palais-Royal. Comme la terre tourne autour du soleil, l’activité se déplace au fil de la lumière entre les Faubourgs Poissonnière et Montmartre. Très animé la journée, le premier s’éteint à la tombée de la nuit lorsque s’allume le second. La pratique du shabbat n’y est pas étrangère. Originellement terre des juifs alsaciens, le quartier concentre synagogues et commerces casher.

Faubourg-Poissonnière, ruche créative

Les anciens ateliers de peau, de fourrure, de bijoux ont laissé place à des regroupements de créatifs en tout genre, de la production télé et cinéma (côté Hauteville) aux architectes, designers et graphistes (Faubourg- Poissonnière). Dominique Jakob du cabinet Jakob+MacFarlane qui réalise les Docks de Paris explique cette migration progressive par la taille des espaces des anciens ateliers et les prix accessibles. « Le patrimoine est peu restauré, pas transformé non plus, ce qui vous permet, lorsque vous cherchez des locaux, de tomber sur des hôtels particuliers avec dix mètres sous plafond qui ont conservé leurs fresques, une splendeur ! » Une “boboïsation” du quartier qui a entraîné le développement des offres “vertes”, de 5 Fruits et Légumes, petite cantine bio, à l’atelier culinaire Fraîch’attitude, qui propose des ateliers chromatiques à la Sophie Calle. Mais les drogueries et les épiceries arméniennes ont subsisté ! Les créatrices de la jeune et dynamique galerie Sycomore qui représente des artistes brésiliens expliquent que ce vivier de créatifs a stimulé leur arrivée dans ce quartier plutôt désert le soir et qu’elles espèrent bien les avoir comme clients un jour ! On peut aussi passer de la production à... la cuisine comme ces quatre copains oeuvrant dans les médias, qui ont fondé Les Fils à Maman, un restaurant familial dans une petite impasse! Anne-Claude Dessart, bras droit de Jean-Michel Wilmotte, souligne l’effet “îlot” du quartier : les grands boulevards embouteillés jusqu’à quatre heures du mat’ le samedi, la culture juive de la rue Richer, la charmante Cité Trévise, très anglaise autour de sa fontaine des Grâces, le Faubourg- Poissonnière qui louche déjà beaucoup vers le Xe... « Dans ce quartier, on change totalement d’univers en une rue ! », précise-t-elle.

A chaque rue son univers

Et le dépaysement est au coin de la rue : l’incroyable décor du showroom de la créatrice Anne Valérie Hash, boulevard Poissonnière, qui a abrité synagogue et maison close, le siège de BNP Paribas Immobilier et Cetelem installé dans les fresques en mosaïque de l’ancien Comptoir national d’escompte, réhabilité par le cabinet d’architecture Anthony Béchu, l’hôtel Bony, sorte de délire palladien façon Empire qui abrite une société de communication. On comprend que ce quartier inspire les cinéastes. « C’est un personnage de mon film à part entière », raconte Steve Suissa, réalisateur du polar Mensch sorti en décembre, qui a souhaité que ses acteurs y séjournent auparavant ! Rumeur du Daily Neuvième, le petit journal web du IXe, serait prévu l’an prochain le tournage d’un Bel Ami avec Uma Thurman. L’atelier de costumes Caraco Canezou, installé rue Saulnier, y est donc parfaitement à sa place. S’en sont échappés les costumes futuristes de l’opéra Perelà, les habits d’Emma de Caunes dans le film Le Scaphandre et le Papillon ou d’Anna Mouglalis dans Coco et Igor, de la pure haute couture comme cette merveilleuse jupe froufroutante comme une traîne... Dans les étages, des doigts agiles cousent sans relâche pour le spectacle, en bas, une petite cantine très guinguette bobo pour les employées de la maison, un modeste et précieux symbole à la fois, des deux visages de ce IXe arrondissement.