Du “Grand Journal” au grand écran – voire au très grand écran –, il n’y a qu’un pas que Mouloud Achour a franchi comme un géant. Chroniqueur sur Canal+, on le retrouve en ce moment à l’affiche du “Choc des Titans”, entouré de monstres mythologiques. Un bon bond dans le “tout Hollywood”, qu’il nous raconte avec bonhomie.

Comment vous êtes-vous retrouvé dans “Le Choc des Titans” ? Mouloud Achour : J’avais rencontré le réalisateur Louis Leterrier à New York, il venait alors de terminer “Danny the Dog”. On est restés en contact, et il m’a demandé un peu plus tard de venir faire une petite apparition dans “Hulk”. Et il se trouve que je me suis endormi sur le tournage ! Je venais de faire “La Matinale” sur Canal+, et quand je suis arrivé à Toronto, j’étais explosé. Je me suis donc endormi au maquillage. Et pendant ce temps-là, il y avait Edward Norton qui me faisait des oreilles de lapin (rires). Après, quand Louis s’est mis à préparer “Le Choc des Titans”, il m’a dit qu’il avait un rôle qui pouvait me correspondre, mais qu’il y avait une trentaine de personnes pressenties. J’ai donc tourné une vidéo avec le type qui allait jouer mon frère, et les gens de la Warner m’ont validé.

Vous auriez pu refuser ? Oh ben non ! C’est pas possible ! On te dit : « Voilà, tu vas tourner pendant trois mois avec toute une bande de comédiens dont tu es hyper fan. » Un truc pareil, ça ne se refuse pas !

Comment a réagi votre entourage quand vous lui avez appris la nouvelle ? Je ne l’ai pas dit à tout le monde. C’était trop énorme, je n’arrivais pas à l’expliquer. Je ne l’ai dit qu’à ma famille et à Michel Denisot, car il fallait que je quitte “Le Grand Journal” pour tourner le film.

Ça fait quoi de se faire bananer par un scorpion géant ? On a mis deux ou trois semaines à faire cette scène, car il y a pas mal d’effets spéciaux dessus. On m’a attaché avec un câble, on m’a jeté, il y a eu des explosions, et quand j’ai vu la scène terminée, j’étais hyper content. C’est le genre de choses que j’adorais voir au cinéma quand j’étais petit. Et le fait d’avoir tourné une scène de ce genre, c’est juste fabuleux. Vraiment, j’hallucine de me voir dans une scène comme ça, avec un scorpion qui coûte le prix d’un film français.

Quelle a été la chose la plus difficile à faire sur ce film ? De rentrer à Paris. (rires)

Et porter une jupe, c’est difficile ? Mais je ne porte pas de jupe dans le film ! Ceci dit, j’en mets souvent, et je n’ai pas de problème avec ça. (rires)

Et Zeus – joué par Liam Neeson –, il est sympa en vrai ? Je ne l’ai pas rencontré. Ce qui est drôle, c’est qu’il y a plein d’acteurs du film que je n’ai rencontrés qu’à l’avant-première. Et puis, je jouais un soldat de Persée censé aller péter la gueule aux dieux, donc on n’allait pas se fréquenter sur le tournage.

Qu’est-ce que ça fait de se voir en 3D ? C’est juste hallucinant. J’étais déjà en 3D dans la vie, mais Louis Leterrier me disait : « Tu te rends compte, tu es le premier Français dans un film en 3D ! »

Vous avez essayé de toucher l’écran ? Non, c’est comme avec les films normaux, on a plutôt envie de faire ça avec la fille assise dans le fauteuil à côté. (rires)

Qu’est-ce que ça fait de devenir une star d’Hollywood du jour au lendemain ?

Je ne suis pas une star d’Hollywood. Ni une star tout court. Même en France. Donc, je prends ça comme un truc d’enfant. Pour la promo à Los Angeles, j’allais à la plage avec Louis, ou dans les boutiques de comics, et après on se retrouvait à table avec des gens hyper importants du cinéma… Mais je sais que ma vie est à Paris, au “Grand Journal”, avec ma petite bande. Donc je ne me pose pas la question, et je sais que là, ce n’est que du bonus.

Et qu’est-ce que ça fait d’être le héros d’un jeu vidéo ? Ça aussi, c’est incroyable ! Se retrouver dans un jeu vidéo, je pensais que c’était un honneur qui était réservé aux joueurs de foot ou aux mecs qui étaient nés sur Krypton, quoi ! Le jeu vidéo, c’était vraiment la cerise sur le gâteau.

Est-ce que votre vie a changé avec cette aventure ? Non, si ce n’est que maintenant je prends ce métier très au sérieux. Je ne fais pas de la télévision pour qu’on me reconnaisse dans la rue, mais pour dire des choses. Et c’est pareil au cinéma. Je ne fais pas ça pour devenir une vedette. Et puis, je pense que je ne choisirai jamais entre la télé et le cinéma. Moi, mes modèles, ce ne sont pas les comédiens de stand-up américains ou les comiques français. Ça, je n’en ai vraiment rien à foutre. Mon modèle ultime, c’est Takeshi Kitano qui, au Japon, est capable d’animer sept émissions de télé, de jouer dans des blockbusters, et de réaliser des films qui sont complètement indépendants et qui lui ressemblent tellement qu’ils sont parfois incompris.

Quelle la personne la plus célèbre que vous ayez dans votre répertoire de téléphone ? Si on considère qu’une personne célèbre c’est quelqu’un à qui l’on pense en permanence, je dirais ma mère.

Qu’est-ce qu’on vous dit quand on vous reconnaît dans la rue ? Les gens pensent que je fais partie de leur bande. C’est vraiment très cool, mais des fois ça peut être embarrassant quand je suis avec mes potes et qu’un mec entre dans notre conversation. Parfois, alors que je suis au téléphone, un type arrive et me dit : « Ah, c’est marrant, je t’ai vu hier, et j’étais avec mon pote machin et tout… » Mais bon, je suis quand même content que ça se passe comme ça. A la télévision, je parle de mes passions, et quand on fait partager des passions et qu’on n’est pas juste là pour montrer sa gueule, ça suit. Un mot de conclusion ? A nous Los Angeles !

La bio de Mouloud Achour 1980 : naissanceà Montreuil. 1999 : fondateur du label de rap Kerozen. 2003 : réalisateur du documentaire “La Face B du hip hop”. 2005 : acteur dans “Sheitan” de Kim Chapiron. 2006 : chroniqueur à “La Matinale” de Canal+. 2008 : chroniqueur nouveaux mouvements au “Grand Journal” de Canal+. 2008 : réalisateur du documentaire “Mouloud passe au vert”.